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Le Restaurant Manitoba reçoit une lettre de militants véganes et y répond avec brio

On le sait, depuis plusieurs mois, des écologistes un peu trop hardis ont entrepris de partager leur message anti-abattoir et végane un peu partout.

 

On les a vus investir le restaurant Joe Beef et faire quelques autres coups d’éclat.

 

Cette semaine, une personne mal intentionnée (ou un groupe) a mis une lettre dans la boîte aux lettres du Restaurant Manitoba à Montréal.

 

Sur celle-ci, on peut lire le message suivant : « Votre chef Simon Mathys a du sang sur les mains et vous en êtes complices. Des milliers d’oies et de canards payeront injustement de leur vie pour un simple plaisir gustatif dans ce futur projet d’abattoir. »

 

Les employés du restaurant ont également trouvé de la colle dans leur serrure, les empêchant ainsi de rentrer travailler.

 

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Restaurant Manitoba a lancé récemment un projet de coopérative intitulé Le petit abattoir. La mission de l’entreprise est d’offrir l’abattage de volailles aux productions dites marginales, de pâturage, à petite échelle, et qui trouvent mal leur place dans les installations industrielles et automatisées.

 

«Nous voulons faciliter l’émergence d’une agriculture écologique, de proximité, qui vitalise les territoires et augmente l’autonomie alimentaire des communautés. La forme coopérative offre une voix aux usagers qui habituellement subissent le lien de dépendance et le rapport de force face aux opérateurs d’infrastructures, même lorsque les pratiques vont à l’encontre de l’esprit de leur travail d’éleveur.»

 

L’équipe du Restaurant Manitoba a donc voulu répondre à leurs détracteurs dans un message sur Facebook que voici :

 

 

 

Voici le message en entier :

 

«Hier, nous avons trouvé ceci dans notre boîte aux lettres. Nous avons trouvé, aussi, de la colle dans notre serrure, nous empêchant d’entrer dans notre lieu de travail.

Nous sommes nombreux à vouloir nous exprimer sur la question de l’acte alimentaire. Certains d’entre nous construisent des fermes, des restaurants, des lieux de discussion. D’autres utilisent des moyens plus agressifs. Malgré les divergences d’opinions et de manières, il y a du bon: nous sommes prêts à ce que les choses changent.

Nous profitons de cet « avertissement » pour nous exprimer publiquement et riposter à nos détracteurs. Nous défendons l’omnivorisme, à condition que celui-ci soit muni de conscience environnementale et sociale.

Nous travaillons depuis 6 ans à mettre de l’avant l’identité culinaire québécoise. Une identité faite de paysages et de saisons, de transmission et de savoir-faire, d’agriculture à échelle humaine et de circuit court, de métissage culturel et d’ouverture. Nous réfléchissons, toujours, aux impacts de nos activités alimentaires sur notre environnement extérieur et intérieur. Nous encourageons des artisans fermiers qui produisent tranquillement variétés de légumes ancestraux et animaux en pâturage. Nous nous intéressons à l’histoire alimentaire des premières-nations, des secondes et des suivantes. Et lorsque nous sacrifions une vie animale pour nourrir nos corps et nos esprits, nous lui rendons hommage, nous en valorisons chaque parcelle, nous nous connectons à elle.

Ce n’est pas par simple plaisir gustatif que nous tuons des animaux. C’est par besoin de protéines et par soucis d’équilibre écologique. La viande que nous mangeons est issue de modèles agricoles qui envoient promener le modèle industriel. C’est ce dernier, basé sur des concepts économiques tordus, ayant comme unique but d’accumuler du capital, qui devrait être notre ennemi commun.

Le problème, ce n’est pas ce que nous mangeons. C’est à qui nous achetons. La production industrielle est en train de détruire notre monde, et nous pensons que ce qui le sauvera, ou du moins ce qui ralentira sa perte, c’est l’adoption d’une vision holistique de l’alimentation et le respect des composantes relationnelles entre un vivant et son milieu immédiat (symbioses et entraide, cycles de l’eau et des saisons, spécificité des écosystèmes, etc). Le tout combiné à une réappropriation des savoirs ancestraux et une meilleure connaissance de notre territoire.

Notre association au Petit Abattoir est louable, dans le sens où nous essayons de donner aux petits producteurs de volaille la possibilité d’abattre leurs animaux à leur rythme et près de chez eux, évitant les heures de transport atroces et les pratiques désolantes et assassines retrouvées dans la plupart des abattoirs industriels. Nous voulons sensibiliser les gens au concept de la mort animale et végétale, à la notion de sacrifice. Les aider à se reconnecter à la nature (tout court) de leurs aliments afin qu’ils soient en mesure d’en choisir la provenance et d’en saisir la valeur sacrée. Nous souhaitons une décroissance de l’économie (telle que nous la connaissons) et une croissance des communautés (telle que nous les avons oubliées).

Oui, nous avons du sang sur les mains. Celui d’animaux qui ont eu une vie heureuse, entourés de nature et d’humains fondamentalement bons. Nous réfléchirons à votre critique, nous évoluerons, mais nous aimerions voir votre énergie militante se déployer auprès des mégaproducteurs déconnectés plutôt que chez des restaurateurs somme toute, assez gentils.

Battons-nous donc ensemble pour le retour des pratiques agroalimentaires équilibrées.

Avec tout l’amour du monde pour la nature.
Et pour les animaux.

Manitoba»

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