***Cet article a été rédigé gracieusement par Martin Chenal, Étudiant au Doctorat en Biologie, Laboratoire du Pr Frédéric Veyrier, INRS Armand-Frappier Santé Biotechnologie***
La pandémie actuelle monopolise l’attention du monde entier depuis déjà plusieurs mois. Malheureusement, la vague de contagion par la COVID-19 est suivie de très près par une seconde vague, cette fois de désinformation.
On est tellement inondé par un flot continu d’informations qu’il devient de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux. Aujourd’hui, nous vous dévoilons 5 fake news associées à la COVID-19, mais surtout les preuves scientifiques qui les contredisent.
1. Le SRAS-CoV-2 a été créé en laboratoire
Théorie du complot par excellence, le virus de la COVID-19 aurait été créé par l’homme puis relâché dans la population. Eh bien c’est tout simplement faux ! L’analyse du matériel génétique du SRAS-CoV-2 révèle que ce virus est bien trop complexe pour être artificiel, il est forcément le résultat de l’évolution et la sélection naturelle.
Ce mythe est soi-disant supporté par des brevets datant de plusieurs années mentionnant un coronavirus responsable de pneumonies. Bien réels, ces brevets concernent d’autres coronavirus, comme le SRAS-CoV-1, responsable de l’épidémie de SRAS en 2002. Le terme coronavirus désigne en effet une famille entière de virus, et pas juste celui causant la COVID-19.
Un virologue français titulaire d’un prix Nobel de médecine a également contribué à cette rumeur conspirationniste en clamant qu’on trouve du matériel génétique du VIH dans celui du SRAS-CoV-2, « preuve » que le virus est l’œuvre de l’homme. J’ai vérifié, et en utilisant la même analyse j’ai aussi trouvé des similarités avec l’ADN de choux de Bruxelles et de castor. En bref : ces pseudo-preuves n’ont aucune valeur.
2. Boire de l’eau de javel ou s’exposer aux rayons UV peut traiter la COVID-19
Ce n’est pas parce que quelque chose tue les virus que ça peut être utilisé comme traitement. L’eau de javel est un désinfectant très efficace, mais est aussi hautement toxique pour nos propres cellules. Quant aux rayons UV, ils causent de nombreuses mutations qui détruisent les virus, mais encore une fois nos cellules subissent le même sort. Pas sûr que vous aimeriez guérir de la COVID-19 pour mourir d’un cancer… La difficulté n’est donc pas forcément de trouver un traitement efficace, mais plutôt qu’il soit sécuritaire, qu’il n’affecte que le virus et pas nos cellules ou nos organes.
3. On ne peut pas transmettre la COVID-19 si on n’a aucun symptôme
Mythe ! Lorsqu’on est infecté, il y a d’abord une période pendant laquelle on n’a pas de symptômes, mais on est quand même contagieux. C’est ce qu’on appelle la période « d’incubation ». Le virus se multiplie avant même que notre système immunitaire n’ait le temps de faire son travail. Plusieurs symptômes comme la fièvre sont causés par notre réponse immunitaire et pas directement par le virus, ce pourquoi on peut transmettre la maladie avant même d’être malade. De plus, comme c’est le cas pour plusieurs autres virus, on peut être porteur de la COVID-19 sans en être affecté ; c’est ce qu’on appelle les « porteurs asymptomatiques ». C’est ce genre de désinformation qui facilite la propagation de la pandémie.
4. La 5G est associée à la pandémie de coronavirus
La pandémie à coronavirus est apparue presque en même temps que le réseau 5G, coïncidence ? Eh oui, corrélation ne veut pas dire causalité ! Presque tous les pays du monde recensent aujourd’hui des cas de COVID-19, alors que beaucoup n’ont même pas encore la 5G. Cette théorie du complot est une association facile entre deux idées conspirationnistes distinctes : le virus a été créé par l’homme, et la 5G est dangereuse pour notre santé.
5. La COVID-19 est transmissible par l’air
Pour l’instant, cette hypothèse est plausible, mais n’est pas encore prouvée scientifiquement. On entend parler de masques toute la journée, ce qui nous incite faussement à croire que le virus se propage dans l’air. Quand on tousse ou même qu’on parle alors qu’on est infecté, ce n’est pas vraiment l’air qui est contaminé mais plutôt les minuscules gouttelettes qu’on projette. Ces gouttelettes ne voyagent pas très loin puisqu’elles tombent rapidement au sol, c’est pourquoi la distanciation physique de 2m est si importante. La plupart des masques ne vous protègent donc pas de l’air, mais ils bloquent physiquement les gouttelettes, empêchant du même coup la propagation du virus.
Réalité : Oui, on peut créer et modifier des virus en laboratoire
Pour une fois, ce n’est pas un mythe. Avec nos connaissances et technologies actuelles, on est tout à fait capable de manipuler à nos souhaits un virus ou une bactérie. Comment croyez-vous qu’on développe des vaccins ? Ces derniers sont bien souvent des virus qu’on a modifiés génétiquement pour les rendre inoffensifs. Il faut par contre être très réaliste, ce n’est pas n’importe qui qui peut « jouer » avec des virus. Ce genre de travail est fait par des scientifiques hautement spécialisés dans des centres de recherche bien précis, avec des protocoles approuvés et des mesures de sécurité draconiennes. Impossible donc de jouer au savant fou et de créer un dangereux pathogène dans son garage.
Morale de l’histoire : il ne faut pas croire tout ce qu’on entend. Partager de fausses informations contribue énormément au climat anxiogène qui entoure cette pandémie. Si vous voyez l’une de ces fake news sur le net, ignorez-là !