STOPMTL.ca: une nouvelle plateforme interactive permettant de rapporter les interpellations policières à Montréal
NIGHTLIFE.CACe matin, l’Institut National de la recherche scientifique (INRS) annonçait dans un communiqué son plus récent projet de recherche à données ouvertes, au service de la population et des communautés.
Appelé STOPMTL.ca, le nouveau site Web et projet permet dès maintenant à tous les Montréalaises et Montréalais de rapporter leurs expériences d’interpellation par la police.
Lancé officiellement aujourd’hui par une équipe de recherche multidisciplinaire formée de l’INRS, de l’Université McGill, de l’Université Concordia et de la University College London, STOPMTL.ca a pour objectif de « recueillir des données détaillées afin de dresser un portrait plus précis des interpellations policières du point citoyen ».
Cette nouvelle plateforme permettra à la population de faire part de leurs expériences, et contribuera à une recherche menée par l’INRS visant à produire des données quantitatives sur la distribution sociale et spatiale des expériences d’interpellation à Montréal. Tous les citoyens et citoyennes de la métropole âgés de 15 ans et plus seront en mesure de rapporter une expérience d’interpellation policière qui a eu lieu le jour même ou des mois, voire 20 ans plus tôt, et ce, par l’entremise d’un formulaire anonyme (qui leur permettra d’indiquer comment et où s’est passée l’interpellation, de décrire le contexte, de préciser leur âge, leur genre, leur groupe ethnique ou racial ainsi que le moyen de transport utilisé au moment de l’interpellation).
Le projet sera en accès libre dans son intégralité, ce qui signifie que les données du site Web seront accessibles et téléchargeables par les personnes qui souhaitent y avoir accès.
STOPMTL.ca se place ainsi dès son lancement comme une source et banque de données importante pour les citoyens, les collectivités et les chercheurs, puisque seulement 5 à 20% des interpellations policières effectuées sont enregistrées par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
« On veut dresser un portrait plus détaillé des relations entre la police et la population, car c’est un enjeu social d’importance. Ce projet de recherche et de science citoyenne mise donc à 100 % sur l’ouverture des données. […] Les organismes communautaires n’ont pas accès aux données du SPVM, et leurs revendications ne sont souvent pas prises au sérieux, car ils n’ont pas de chiffres pour les appuyer. C’est un besoin qui a été exprimé à maintes reprises par les organismes communautaires depuis les années 1980 », expliquait la chercheuse principale du projet, Carolyn Côté-Lussier, professeure en études urbaines à l’INRS et chercheuse au Centre international de criminologie comparée.
On note d’ailleurs qu’un rapport indépendant commandité par la Ville de Montréal en 2019 démontrait un profilage racial et social par le SPVM visant les Noirs, les Arabes et les Autochtones, particulièrement les jeunes adultes. De manière générale, les personnes autochtones et noires auraient entre quatre et cinq fois plus de risque d’être interpellées, par rapport aux personnes blanches.
« Ce projet permettra à la population et à la police d’obtenir des informations dont ils ont grandement besoin, puisqu’il fournira une représentation visuelle de ce qu’on appelle les points chauds, où se produisent la plupart des interpellations policières, et pourra donner lieu à des conversations importantes entre ces deux groupes, fondées sur des données probantes plutôt que sur des ouï-dire », explique Myrna Lashley, professeure adjointe au Département de psychiatrie de l’Université McGill.
Pour de plus amples informations ou pour rapporter une interpellation policière survenue à Montréal, rendez-vous sur STOPMTL.ca.