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Corps saumâtres de Maria Simmons
Crédit: Maria Simmons

Dans le cadre de la Manifestation JE/US 2025, Réciprocités, Maria Simmons présente une installation inédite ancrée dans son expérience du fleuve Saint-Laurent et des écosystèmes tourbeux. Ce nouveau corpus découle d’une résidence de création menée au printemps 2024 à Est-Nord-Est, dans la municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, où l’artiste a arpenté les berges et suivi le cours des marées. Dans l’atelier, elle a créé des réceptacles en céramique dont les formes organiques amalgament des éléments propres aux eaux salées du fleuve et des organismes issus des tourbières. Composée de céramique, de roseau, de varech, d’eau tannique, d’eau salée et d’eau douce, l’installation sinueuse évoque le mouvement des marées et les changements de salinité liés aux processus d’évaporation et de condensation de l’eau salée, qui retombe en pluie et contribue à alimenter les écosystèmes humides. Une araignée se déplace furtivement à travers les plantes carnivores gorgées de liquide. Les différentes sources d’eau au cœur de l’installation, notamment les eaux salées et tanniques, sont essentielles à de nombreuses formes de vie non humaines. Rappelant la texture des algues, les glaçures visqueuses sont parsemées d’éclats verdâtres inspirés des feux follets, ces manifestations lumineuses erratiques souvent repérées au-dessus des sols marécageux. Sous leur surface, les tourbières recèlent des secrets bien gardés. Elles constituent les plus importants lieux de stockage terrestre de carbone et jouent un rôle important dans la régulation des changements climatiques. Grâce aux conditions particulières qui y prévalent, telles que l’acidité de l’eau et l’absence d’oxygène, ces milieux humides contribuent à préserver naturellement les matières organiques qui y sont enfouies. La tourbe renferme parfois même des artéfacts humains, comme le mystérieux « beurre de tourbière », témoin des pratiques ancestrales de conservation des aliments. À la manière d’un portail, l’installation Corps saumâtres aménage un espace liminal où se rencontrent le passé et le présent, la surface et le monde souterrain, le vivant et le non-vivant, offrant de possibles renouements avec notre environnement et les phénomènes naturels immémoriaux qui le façonnent.