Après un début relativement léger sur le plan musical, la journée du 3 septembre s’est avérée nettement plus corsée. Le rock musclé était à l’honneur au Petit Théâtre, d’abord via Duchess Says, qui étrennait le nouveau matériel de Time to Reiterate, son album à paraître en octobre.
Le quatuor n’était pas nécessairement à son meilleur. Confus, un peu mou, comme s’il n’avait pas encore pleinement pris pied dans son nouveau matériel. Compréhensible, cela dit, vu la différence de textures avec l’époque Anthologie des 3 perchoirs. Et même dans ses moments d’égarement, Duchess dégage plus de mordant et de spontanéité que la moyenne. Dans tous les cas, le rituel a tout de même eu lieu: la chanteuse Annie-Claude Deschêsnes a pataugé comme d’habitude à qui mieux mieux dans la foule, au point de passer plus de temps sur le parterre que sur scène. «Moi, j’y vais pas. Allez-y donc, vous autres!» a-t-elle lancé à ceux qui réclamaient son retour sur les planches, avant de laisser des quidams prendre sa place et son micro. Le chaos Duchess typique, quoi.
Galaxie, un autre groupe habitué du FME, passe toujours bien au Petit Théâtre. Hier n’a pas été une exception. Bien que l’arrivée récente de deux choristes au sein du groupe pose encore problème (contradictoire avec l’esprit trash du projet, les deux demoiselles qui ondulent à l’avant-scène), le nouvelle formule est mieux rodée que lors des premiers concerts donnés cet été dans la foulée du nouvel album Tigre et diesel et le punch rock originel du clan, plus perceptible.
En fin de course, on a appris que le claviériste Dan Thouin (en remplacement de François Lafontaine, occupé chez Karkwa) pouvait faire ses solos tout en faisant tenir une bouteille de bière vide sur sa tête. Édifiant.
Le plat de résistance de la soirée: Secret Chiefs 3, le projet de l’ex-Mister Bungle Trey Spruance, dans l’intime Cabaret de la dernière chance. Chacun réalisait la chance qu’on avait de recevoir le groupe culte du post-progressif dans un si petit endroit. L’ébahissement était palpable. Quelques mordus du clan Bungle étaient costumés. La musique? Une suite frénétique et touffue de mouvements instrumentaux métal, western-spaghetti façon Enio Morricone, jazz et ambiants, limite new-age. Souvent de quoi se gratter la tête, mais comme Bungle, SC3 sait faire preuve d’une certaine concision et d’un sens mélodique fort à travers les prouesses techniques et les fantaisies de composition.
Ceux qui étaient à l’écoute des rumeurs ont apparemment pu assister à une prestation acoustique de Patrick Watson, un invité surprise du festival (fan de l’événement pour s’y être produit à ses débuts) en pleine rue.
Seul moment de relative douceur en ce samedi où la fatigue commençait à se faire sentir: le 5 à 7 au Groove avec le fascinant montréalais DJ Brace (en photo), que je n’avais encore jamais vu. Au moyen d’une console, d’une table tournante numérique et d’un portable, la figure montante assemble live des mosaïques hautement accrocheuses de hip-hop, d’électro et d’easy-listening rétrofuturiste. Comme une fusion des univers de DJ Shadow, Kid Koala et Broadcast. Sa formule est vulnérable à la redondance, mais l’effort de composition est remarquable et la transposition live, sans faille.
Un dernier petit coup ce soir et retour à Montréal demain!
FME – jour 2: Malajube, Canailles et la colle
FME – jour 1: Jimmy Hunt, Passwords et le risque de l’habitude