NIGHTLIFE.CA a eu le bonheur d’assister à la représentation du théâtre musical «Demain matin, Montréal m’attend» de Michel Tremblay, mis en scène et adapté brillamment par le talentueux René Richard Cyr, sous une musique percutante de François Dompierre, produit par Spectra Musique en collaboration avec Le Théâtre du Nouveau Monde (TNM).
Cette comédie musicale fut d’abord créée durant l’été 1970 par Tremblay et Dompierre pour animer le Jardin des Étoiles de Terre des Hommes (petit cabaret) et représentée, deux ans plus tard, en version plus élaborée, avec Louise Forestier, Denise Filiatrault, Denyse Proulx et André Montmorency.
Qui n’a d'ailleurs pas turluté le refrain «Demain matin, Montréal m’attend…» jusqu’à en devenir un ver d’oreille?
47 ans plus tard, nous ré-entonnons cet air si chantonné et vibrons aussi fortement à la quête de Louise Tétrault, l’ingénue, incarnée magistralement par Marie-Andrée Lemieux, gagnante du trophée Lucille Dumont, à Saint-Martin (petit village du Québec) et qui décide de monter dans la grande ville de Montréal rejoindre sa sœur Rita (Lola Lee) interprétée par la sublime Hélène Bourgeois Leclerc, qui, elle, est devenue la star de la Main, après 15 ans de travail acharné.
Quelle ne sera sa désillusion ???
Dès que le rideau s’ouvre, le ton délirant est donné. Les musiciens «live», sous l'excellente direction de Chris Barillaro, accompagnent et ponctuent le défilé des personnages saluant l’audience d’une parole ou d’une mimique traduisant sa personnalité. Simple, efficace, dynamique, entraînant et invitant !
Demain matin, Montréal nous attend, tous !
Les numéros d’acteurs se succèdent, intercalés par des chorégraphies stupéfiantes de rythme, de fantaisies hautes en couleur et réglées au quart de tour par Sylvain Emard.
Rendons hommage à ces acteurs, chanteurs danseurs qui nous soulèvent l’âme, nous font rire et pleurer, déchirent notre plexus solaire et traduisent la cruauté du désespoir, de la détresse, de la profonde solitude de ces pauvres hères à la recherche de la gloire dans un univers où cynisme et sarcasme font loi, auréolés d’humour noir.
À chacun son moment de gloire !
Benoît McGinnis, étonnant Marcel Gérard, journaliste décrié «Banana Split», écorché vif, amoureux évincé, criard de vérité.
Hélène Bourgeois Leclerc, Lola Lee, star de la Main, désespérément lumineuse, mène son désir de vedette au paroxysme et nous confie avec humilité : «Quand t’es au top, t’as peur de tomber».
Laurent Paquin en Duchesse de Langeais, revenant dans sa Main se retrouve dans la rue, oublié, se dévêt, se dépouille de ses vêtements de duchesse et revêt un vêtement d’homme. Moment de gloire déchirant !
Kathleen Fortin, en tenancière Betty Bird, vieillissante, parée de son oripeau, sa dernière robe trouée, ayant perdu de sa perversité, nous arrache les larmes.
Marie Andrée Lemieux, en Louise Tétrault, une voix, une présence chargée d’émotion en chantant «a capella» son «Johnny, je t’aime» se révèle bouleversante d’humanité.
La chorégraphie chantant «Les Johnny sont tous d’la marde» cristallise cette montée d’adrénaline où la méchanceté et la lâcheté des vivants éclatent au grand jour.
Et la finale, le numéro de clôture, où tout un chacun se volent la vedette piétinant son honneur et sa dignité dans cette quête pour devenir quelqu’un d’autre et ainsi espérer être aimé et admiré, en retour sidère l’audience.
«Demain matin, Montréal m’attend» n’a pas perdu de sa magnificence et de son panache!
À voir absolument !
Au Théâtre du Nouveau Monde
Du 19 septembre au 14 octobre 2017
Supplémentaires
Du 15 au 22 octobre 2017