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Tuyaux-concerts: Timber Timbre, Yeasayer et Jónsi

Chaque fois que la programmation d’un gros festival est annoncée, je fais la moue. Je reste sur ma faim. Pas parce que je suis blasé, mais bien à cause de semaines comme celle qui est devant nous: remplie, variée, du côté des gros noms comme des découvertes. On aurait mis les programmateurs du FIJM et de Pop Montréal sur le cas et on aurait pas eu mieux. De l’électro? Ouin, c’est vrai, ça manque un peu d’électro. Notez que j’ai dit «bien remplie», pas «parfaite».

Dans la catégorie «eh que la vie fait dont bien les choses, des fois», trois des auteurs-compositeurs montréalais les plus intéressants du moment partagent une seule et même affiche ce mercredi 28 avril, à la Casa del popolo. Il s’agit de: Philémon chante, Sean Nicholas Savage et de Caroline Keating. Il semble que le concert débutera à 21h30, donc pas de chance pour ceux qui seront devant la game, mais on peut sûrement attraper les 2/3 du programme en accourant après dernier but. L’occasion est idéale pour vous rappeler d’aller faire un tour du côté du site d’Arbutus Records pour y télécharger gratuitement le plus récent album de Sean Nicholas Savage, Movin’ up in Society. C’est une des belles surprises de l’année 2010 jusqu’à maintenant. Pour pas un radis! Aucune excuse.

Pour qui a envie d’un peu plus de synthétiseurs, le 28 avril marque également l’une des trop rares sorties des excellents électro-poppeurs locaux Automelodi (anciennement Echo Kitty) au Belmont, en compagnie de l’inclassable auteur-composteur d’origine africain Ngâbo (non, pas de lien avec Linso). Pour le rock, ça se passe au Petit Campus avec les longuement hypés White Rabbits, accompagnés de The Hoof and the Heel. S’il y a un lien avec les New-Yorkais et la pièce de Jefferson Airplane, il est bien caché: on pense davantage à Spoon qu’à des hippies en l’entendant.

Jeudi, 29 avril marque le retour des mystérieux Timber Timbre, alias le désormais Montréalais Taylor Kirk (from Ontario to the Plateau) et ses acolytes. Y aura-t-il de l’orgue, cette fois? Les paris sont ouverts. Pour qui aurait envie de quelque chose d’un peu plus hop-la-vie et de moins lugubre, il y a difficilement plus hop-la-vie et moins lugubre qu’un bal du printemps, le même soir au Club Lambi. C’est l’ex-Hot Springs Giselle C. Webber, alias Gigi French, qui organise la chose et qui inaugure les festivités avec une prestation (n’oubliez pas que la madame a elle aussi un album «grétisse» depuis février. On le pige ici et on ne le regrette pas). Saison de renaissance oblige (faisons semblant que ça paraît dehors), elle veut que tout le monde s’habille chic, que tout le monde drague et que tout le monde écoute Moussette, qui suit en tête d’affiche. Également au programme: de la nourriture haïtienne!

Rare est le post-rock qui n’induit pas le même effet qu’un feu de foyer sur DVD, ces temps-ci. Le Californien Jimmy Lavalle, alias The Album Leaf fait exception, avec son plus récent album, A Chorus of Storytellers, et vient en faire la démonstration au Cabaret Juste pour rire, toujours en ce 29 avril, en compagnie de Sea Wolf. Toute quête de férocité mènera à la Casa del popolo, où le duo torontois Lullabye Arkestra crinque son métal minimaliste, en compagnie de Panopticon Eyelids et de Motorcrash.

Classique magique
L’année 2009 s’est terminée sur une espèce de mini-revival classic rock plutôt agréable. L’un des plus forts représentants de cette vague est le trio britannique Band of Skulls, qu’on a dû voir au moins à six reprises depuis deux ans. Des visites fréquentes qui s’expliquent en partie par la présence de leur maison de disque (le groupe Phi) à Montréal, mais aussi par son amour de la tournée. La bande est de retour le 30 avril au Studio Juste pour rire avec le combo rock The Whigs et les indie-poppeurs semi-orchestraux et totalement arcadefire-esques Silver Starling.

Un peu plus bas, au Club Soda, la plantureuse Australienne Sia, qu’on connaît pour avoir accompagné beaucoup de gens dans la mort avec la chanson Breath Me (on parle d’un moment de télé, ici; n’appelez pas la police), tentera de convaincre qu’elle a aussi écrit d’autres chansons, en compagnie de Girl in a Coma (qu’on prédit avoir écouté au moins un peu de The Smiths).

Un peu plus à l’est – OK, beaucoup plus à l’est – Martine Groulx, alias Camaromance, ne chante ni les voitures, ni la romance, mais bien un indie-folk doux quelque part entre ces deux sujets, à la maison de la culture Maisonneuve, dans le cadre de la série Révèle la relève. Hôtel Morphée ouvre. Il paraît que c’est un endroit charmant, un visage charmant, dont on peut signer le registre de départ quand on veut, mais qu’on ne peut jamais quitter.

Samedi, 1er mai est la fête internationale des travailleurs. On ne se surprendra pas qu’il y ait, le même jour, un «spectacle anticapitaliste» (eh oui, c’est le nom officiel de l’événement) au Théâtre Plaza. Plusieurs invités musicaux intéressants au programme, cela dit, dont notamment Nomadic Massive et Micros armés (une grosse troupe de hip-hop franco qui inclut danseurs de break, MC ragga, DJ, choriste R&B et tout le tralala).

Côté rock avec le préfixe «indie», le clan à géométrie variable Mixylodian lance son chouette nouvel album Wild in Church au Divan orange, avec SS Cardiacs (qui regroupe des membres des Luyas), Cottonmouth et Eleanor Thompson. Du monde à la messe (toudoum tsh, merci, on est là jusqu’à jeudi, essayez les côtelettes)! Côté rock sans le préfixe «indie», Lyse & the Hot Kitchen vous force à finir vos brocolis si vous voulez du dessert à l’Esco.

Chambre froide
Il y a parfois des petites thématiques qui s’installent par elles-mêmes dans les horaires des concerts et la fin du premier weekend de mai en est un bon exemple. On a en effet droit à deux belles visites d’Islande avec, dans un premier temps, Jónsi, chanteur de Sigur Rós, présentement en congé solo, de passage au Métropolis avec Death Vessel.

Mais c’est la visite du lendemain à laquelle j’ai le plus hâte: Jóhann Jóhannsson, passionnant compositeur à mi-chemin entre la musique classique moderne et le post-rock. On lui doit d’excellents albums comme IBM 1401, A User’s Manual (2006), Fordlândia (2008) et le tout récent And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees. Il se produit à l’Astral le 3 mai, accompagné d’un quatuor à cordes et de quelques autres adjuvants aux claviers, machines, etc.

Évidemment, tout ne s’arrête pas à l’Islande. Le 2 mai marque aussi le retour attendu des New-Yorkais Yeasayer, accompagnés de Sleigh Bells (un groupe signé par M.I.A., sur son nouveau label) au National. Le 3, les indie-rockeurs écossais de Frightened Rabbit viennent secouer le matériel de leur plus récent album au titre ignoble, The Winter of Mixed Drinks, au Petit Campus avec Maps & Atlases et Bad Veins. Voilà qui fout un peu notre thématique en l’air, mais bon, tâchons de ne pas trop leur en vouloir.

Un incontournable? Jóhann Jóhannsson, le 3 mai à l’Astral avec invités.