Je veux mon bikini body. Ça fait assez de semaines consécutives qu’on me bombarde de pubs télé à ce sujet, que mon In Touch me dévoile les secrets de Jennifer, Kim et Kate pour rester mince et que mon yogourt fait tout pour me faire chier.
Vous m’avez convaincue tous autant que vous êtes, il m’en faut un à moi aussi. J’ai beau avoir un beau cerveau, il me faut un beau cul qui va avec. D’ailleurs, combien de temps me reste-t-il sur cette terre avant de troquer définitivement le bikini pour un one-piece motifs magnolias-zèbres avec jupette? Au mieux, DIX étés, ce qui veut dire vraisemblablement juste dix fois un 15 juin à la piscine à Cabo en Dolce Gabbana; juste dix 2 août en wake surf à Tremblant avec un Volcom fluo étampé sur le derrière. Ma vie de bikini body tire à sa fin, avant même d’avoir commencé. C’est le temps ou jamais de faire quelque chose.
Je m’examine donc toute nue devant mon miroir, histoire de faire un constat objectif de ce que j’ai à faire durant les quatre prochaines semaines. Oh boy. C’est pas beau tu-suite, tu-suite cette affaire-là. Du gras de bras qui, quand je salue de la main, est plus excité que moi et fait la vague. Deux seins qui ont l’air de dire, on s’en va direct dans le sud. Deux poupées Bout d’choux en guise de genoux et deux pieds secs qui pourraient vraisemblablement être castés dans une annonce de Gold Bond. Ça sonne comme une comptine de Passe-Partout mais dans un foyer de vieux.
Comme si c’était pas suffisant, je me décide à faire l’exercice qui consiste à se mettre assis, un miroir grossissant sur les genoux, et à se pencher au-dessus dudit miroir pour voir quelles rides on aura dans dix ans avec le facteur gravité full throttle. Suicidaires s’abstenir. Je me relève en titubant, m’agrippe à ma vanité pis pars à brailler. I need a plan pis c’est pas Nautilus Plus qui va m’aider.
Loin de moi l’idée de vouloir posséder le rack de Heidi Montag: OMG… and WTF!? Je vise plus naturel et visite donc les sites de «vrai monde», «avant-après breast augmentation/lifts». Mais, ce que je ne savais pas, c’est qu’il y en a des sortes de boules, pis pas toutes belles-belles ni avant, ni après! Les miennes pointent peut-être vers le sud, mais au moins sont pas crossed-eyed, je me dis. Je m’interroge aussi sur l’après-boules. Genre, t’arrives au bureau avec elles, un matin de même. Qu’est-ce que tu dis? «Ben oui, chus ta boss, je me suis fait faire les boules faque chus cochonne?» Les tenues vestimentaires pour mettre en valeur mes futurs nouveaux assets me laissent perplexe. Il me semble que tu ne peux plus porter du Stella McCartney avec crédibilité. Être condamnée à vie à porter des tops de chez Guess me paraît soudain bien pire que de perdre quelques degrés de latitude nord…
Je ne sais pas pourquoi, mais rendue là, je «chicken out». Juste à penser à tous les rendez-vous à prendre, j’ai le goût d’aller me recoucher. Non pas que dans ma grande sagesse, je réalise quoi que ce soit du type «vaut mieux cultiver son âme», c’est pas mon genre du tout. L’option Demi Moore (avec son Ashton) me tente encore beaucoup plus que l’option au naturel de, disons, Micheline Lanctôt… C’est juste que j’ai vu des one-piece pas si pires que ça sur Net-à-porter.com, entre autres, un beau noir décolleté plongeant, s’attachant au cou avec effet remonte-boules de la mort. Pis ben, pour le reste, mon chum vient de me dire – sans me regarder – que j’étais pas grosse («-chtu grosse? –non, t’es pas grosse.»), que j’avais pas de rides («-j’ai-tu des rides? –non, t’as pas de rides», que j’étais plus sexy que Scarlett Johansson («-ch’tu plus sexy que les vedettes? –oui. –quelle vedette? -toutes», qu’il m’aimait pour mon cul uniquement («-qu’est-ce que t’aimes de moi? –ton cul. – Plus que mon intelligence? – ah, ça oui.»). Yeah, right, je m’obstinerai pas là-dessus à souerre.