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Midlake: celtiques USA

Le monde de la musique est mystérieux, rempli de détours improbables, de surprises, de revirements. Alors que certaines carrières décollent et brûlent de tous leurs feux instantanément, d’autres piétinent durant des années de vaches maigres et se réinventent jusqu’à plus soif.

Les gars de Midlake font clairement partie de la seconde catégorie. Midlake fut en effet d’abord un groupe jazz: cinq étudiants de l’University of North Texas de Denton s’étaient réunis pour s’approprier un peu plus personnellement le répertoire classique acquis à l’école. De 1999 à 2004, année de la sortie de leur premier album, Bamnan and Silvercock, un disque lo-fi à saveur électronique et psychédélique enregistré à la maison (qui n’avait enthousiasmé personne à l’époque), ils pataugent sur quelques scènes locales, sans grands encouragements à quitter leurs jobs.

Puis, en 2006, après un an et demi passé en studio à enregistrer et à réenregistrer, ils signent The Trials of Van Occupanther, un disque de classic rock progressif teinté de folk et même de quelques nuances exotiques. Le groupe collaborant avec Simon Raymonde, membre des Cocteau Twins, The Trials fait le pont entre le Alan Parson Project et autres Jethro Tull (pour la saveur celte) et les moments lyriques de Radiohead. La critique s’emballe, le groupe est maintenant acclamé par la presse américaine comme européenne, qui s’extasie des ambiances champêtres de leur folk-rock discret et tout en nuances. C’est, finalement, la consécration, la reconnaissance et les tournées mondiales.

L’épreuve
Un peu de pression donc, maintenant, pour ce The Courage of Others (deuxième album lancé en février) que le public ne sait pas trop où attendre après tant de changements de personnel, de style, d’influences. Quand on lui rappelle ces détours, le guitariste Eric Pulido affirme que Midlake s’est finalement trouvé. «La porte s’est refermée maintenant, on ne devrait plus trop dévier de la nature actuelle du projet.»

Avec ce dernier-né, les Texans proposent une œuvre cohérente qui, si elle sera pour certains ennuyante et brumeuse, exprime une finesse et une sensibilité maîtrisée. «En prenant appui sur l’ère du folk britannique, une vibe mélancolique, inhérente à ce genre de musique, s’est insérée par elle-même dans ce qu’on faisait. On ne savait pas exactement de quoi l’album aurait l’air, mais on a continué de le peaufiner jusqu’à ce qu’on trouve le bon son et la bonne émotion», relate Pulido, qui qualifie les deux années nécessaires à l’enregistrement de The Courage of Others de «difficiles et frustrantes». «Il y a eu beaucoup d’essais et d’erreurs. On voulait vraiment y arriver. Il fallait qu’on y passe tout ce temps, sinon on allait droit vers la séparation.»

En résulte un disque aux textures subtiles et aux multiples teintes sépia, aux textes empreints d’une nouvelle maturité. «Tim écrit maintenant beaucoup plus à la première personne. Ça s’est imposé naturellement avec l’énergie de l’album», confirme Eric.

L’énergie de Midlake, le genre d’apaisement confortable qui s’apprécie en y mettant le temps.

Midlake
20 mai | Le National
1120, Sainte-Catherine E.
avec John Grant
midlake.net