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The Dirty Tricks: la sale affaire

Pour avancer, parfois, il faut accepter d’arrêter un peu, ne serait-ce que pour mieux réfléchir à où l’on s’en va.

Figures de proue de la scène rock «rock» locale (sans «indie» ni «post» devant, s’il vous plaît), les Dirty Tricks ont toujours soigneusement dosé leur présence sous les projecteurs, mais ils sont tout de même restés constamment occupés entre 2007 – année de parution de Sauve qui peut!, leur premier album – et 2009. Un congé s’imposait.

En mars 2009, après avoir ouvert pour Malajube, le quintette (qui, fait peu connu, a déjà brièvement compté Julien Mineau dans ses rangs) a donc stoppé les concerts histoire de se ressourcer quelque peu. Un an plus tard, il ressurgit avec Double Vision, un EP sur vinyle et format numérique qui se veut une sorte d’objet de collection.

Sa version sur microsillon est un picture disc dont la face B comprend deux nouvelles chansons enregistrées en studio, tandis que sa version numérique (ainsi que la carte de téléchargement qui vient avec l’objet) comprend trois inédits additionnels en version démo.

Double Vision compte par ailleurs parmi les premières parutions de L’Écurie musique, le label démarré par la compagnie L’Écurie (pilotée par Hugo Mudie des Sainte-Catherines), laquelle trempait déjà dans la promotion de concerts.

NIGHTLIFE s’est entretenu avec le guitariste des Dirty Tricks, Lucas Rupnik.

Quoi de neuf dans la vie du groupe? Vous avez bien profité de votre congé?
Lucas Rupnik: Ben, je ne dirais pas que c’était un «congé». On a juste pris un peu de temps pour être… Pour faire des affaires. Ça faisait quand même longtemps que Sauve qui peut! était sorti, pis ça faisait encore plus longtemps qu’il était terminé. Ça faisait longtemps qu’on voulait prendre un peu de temps pour travailler du nouveau matériel, mais chaque fois qu’on commençait, y’avait toujours une offre de spectacle. Et cette offre en entrainait généralement trois, quatre ou cinq autres… On n’avait jamais le temps de juste pratiquer, pour le plaisir, sans avoir à répéter notre «set». On souhaitait vraiment s’attarder à juste composer des tounes, ou même niaiser, si on le voulait.

Donc, après notre dernier show, l’année dernière – c’était au mois de mars, avec Malajube – on s’est dit: «là, on pèse sur pause. On ne fait rien jusqu’à ce que ça nous tente vraiment». On s’est juste assis pis on a composé des tounes. Y’a des affaires qu’on a gardées, y’a des affaires qu’on n’a pas gardées, mais on a enfin pu retrouver le plaisir d’être quasiment juste un band de garage.

On a ensuite eu l’idée de faire un 7po, puisqu’on n’en avait jamais fait avant. On a commencé à accumuler des chansons qu’on aimait bien. On ne voulait pas attendre de faire un album complet, mais on voulait sortir quelque chose pour dire au monde qu’on était encore vivants. On est entré en studio, où on avait un certain temps de réservé; on s’est dit: «on va faire ce qu’on peut faire». Quand L’Écurie nous a proposé de sortir ce matériel-là, le projet de 7po est devenu un picture disc en peu de temps. Puis, on s’est dit: «on va rajouter quelques petites affaires en plus, pour la version numérique, histoire de compléter un peu le package.» 

D’où viennent ces chansons?
LR: Double Vision, c’est comme notre toune «d’après-pause»; on l’a faite l’été dernier. L’autre nouvelle (Coming Back For You) date de l’année d’avant; on l’a juste raffinée avec le temps. Ce sont celles-là qu’on a faites en studio. Take you Home, c’est la troisième toune qu’on aurait faite en plus si on avait eu le temps et l’argent. Finalement, on n’a pas pu la compléter, mais on aimait quand même la version qu’on a faite en local; on trouvait qu’elle avait un son quand même assez «le fun». On l’a donc rajoutée à la version numérique, tout comme Love Song Judoka et Not Impressed, qui sont deux tounes qui datent d’environ deux ans. On avait fait un peu de préproduction avec dans le local. On a ressorti ces enregistrements et on les a retravaillés un peu.

Les deux chansons studio ont une facture un peu moins dense que Sauve qui peut!, on dirait…
LR: Ouais. Double Vision est plus une toune du style «direct dans ta face». Y’a pas de question à se poser sur le but de la toune. C’est juste une toune forte pour nous autres. Pour moi, ce sont toujours les meilleures: celles pour lesquelles on n’a pas besoin de se casser la tête. Celles qui sont trop compliquées à faire sont souvent celles qu’on ne garde pas. Double Vision est sortie quasiment dans le temps de le dire. Mais Coming Back For You est une chanson légèrement différente. On l’a faite en vraiment beaucoup d’étapes. On en a fait des bouts au local, d’autres chez nous, en faisant des démos… On l’a travaillée pendant un peu plus de temps, mais ça nous a juste rendus plus préparés à la faire en studio. Quand on a décidé de prendre du temps pour nous, c’était aussi pour essayer des affaires différentes, comme cette chanson-là.

Et le vinyle est un picture disc?
LR: Ouais. Y’a les deux nouvelles tounes sur une face et l’autre côté, il y a une sérigraphie de Sérigraphie 514. Tout a été fait localement, autant que possible. La pochette a été faite par un ex-Montréalais: Tom Kitsos, qui a déjà joué dans CPC Gangbangs. Ça fait longtemps que je le connais et j’ai toujours aimé son style d’art. À un moment donné, il a publié sur Facebook un recueil de tous les posters qu’il a déjà faits. On trouvait que ça avait un look qui pourrait nous ressembler. On lui a envoyé un petit message et il a accepté de faire ça pour nous. Je lui ai un peu décrit le projet et il nous a fait ça en peu de temps.

J’ai entendu parler d’une édition limitée du EP…
LR: Oui! Je pense qu’il y en a juste 50. Dedans y’a le vinyle, y’a un t-shirt, y’a une affiche édition limitée et plein d’autres petites «gogosses». Et ça vient dans une boîte à pizza, avec une sérigraphie de la pochette dessus. C’est vraiment un objet unique. Je trouve ça le fun, ça fait un petit package spécial. Déjà, Double Vision est censé être en édition limitée… D’avoir une édition limitée de l’édition limitée, c’est encore mieux! (rires)

Vous donnez deux concerts pour souligner le lancement… À quoi faut-il s’attendre?
LR: Ben, on a quelques autres nouvelles chansons dans notre répertoire. Dans la plupart des cas, ça va pas mal être les premières fois qu’on les joue live. Sinon, le EP s’appelle Double Vision, c’est pour ça qu’on le lance en deux soirs. On a toujours aimé l’Esco, alors on s’est dit: «tant qu’à y être, on va faire ça là». On n’a jamais fait ça avant, jouer deux soirs au même endroit. Ça pourrait donner deux ambiances complètement différentes, surtout qu’on joue avec deux groupes complètement différents les deux soirs. On va peut-être essayer d’ajouter quelques petites surprises, aussi, si le temps nous le permet.

Est-ce que vous jouez encore du vieux matériel? Y a-t-il des choses que vous avez laissé complètement tomber?
LR: Ben, on a changé de claviériste au cours de la dernière année. Maintenant, c’est Remy Nadeau-Aubin (NDLR: Bateau Noir, ex-Hot Springs) qui joue avec nous. Patrick-Paul, l’ancien claviériste, joue maintenant avec Rome Romeo. C’est sûr que ça ne fait pas super longtemps que Remy est là, donc on va sans doute préférer faire moins de choses et les faire très bien que d’en faire plus et de faire les coins ronds. Mais on a quand même eu le temps de bien pratiquer notre set comme il faut, et de rajouter quelques petites affaires en plus.

Et après le lancement, vous comptez augmenter la fréquence des concerts ou non?
LR: Je pense qu’on atteint des sommets de sous-exposition, dernièrement, mais il y a peu de chances qu’on se mette à jouer tous les mois à Montréal. On se fait souvent critiquer pour notre manque d’autopromotion, mais on est contents comme ça. On n’est jamais trop dans la face du monde, pis on dirait que ça nous arrange un peu. Il reste que quand on fait des shows, c’est toujours plein, c’est toujours le fun et ça fait toujours un événement. Peut-être qu’il nous arrive de sortir des pensées des gens, mais on ne se fait jamais complètement oublier. Et quand on revient, c’est parce qu’on a des bonnes affaires à montrer. On ne fait jamais quelque chose juste pour dire qu’on fait quelque chose. On n’est pas pressés.

The Dirty Tricks
21-22 mai | L’Escogriffe
4467A, Saint-Denis
avec Femme (21 mai) et The Peelies (22 mai)
www.myspace.com/dirtytricks

 

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