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Pop Montréal jour 2: dansons sous la pluie

Après une première soirée sympathique, mais sans grand débordement, le second chapitre de ces cinq jours de musique a donné lieu à quelques moments plus festifs qui font le charme de Pop Montréal. C’était cependant un bien mauvais jour pour valser de salle en salle… Il ne pleuvait pas des cordes, il pleuvait des câbles de bateau! Pour profiter de la musique, il fallait se résigner à demeurer trempé jusqu’aux os pour la soirée entière.

En fin d’après-midi, Socalled a fait comme les Dears la veille: étrenner des nouveaux morceaux devant un Divan orange quelque peu endormi (pas facile, conjuguer le boulot et les études avec le festival), mais réceptif. Contrairement aux Dears, toutefois, son nouveau matériel est en parfaite continuité avec le plus ancien: rythmé, dansant, funky et serti d’influences klezmer, tziganes et jazz. Josh Dolgin est toujours aussi animé sur scène, mais ça aura pris son vieux tube «(These are) the Good old Days», à la toute fin, pour vraiment allumer l’atmosphère.

En début de soirée, je me suis risqué à aller prendre des nouvelles de Karkwa, au Métropolis. Histoire, sait-on jamais, d’enfin comprendre la profonde histoire d’amour que le Québec vit avec le quintette. Rien à faire… Tout est si lisse, détaché et contrôlé, dans son univers. Les musiciens sont excellents, la prestation est réglée au quart de tour (même s’il arrive à Louis-Jean Cormier d’oublier ses textes), mais même dans les moments les plus rock, j’ai le sentiment de circuler dans un de ces grands hôtels impersonnels qui cherchent à recréer l’impression d’intimité avec des décors de chalet. Il y a quelque chose de factice dans toute l’affaire. Je ne saurais dire quoi, exactement, mais c’est bien là. Dans la salle pleine, par contre, on ne semblait pas d’accord: ça souriait en masse, ça écoutait attentivement… Comme si tout le monde sur place parlait un langage que je ne comprends pas.

Au (magnifique) Rialto, le duo local Blue Hawaii, d’ordinaire excellent, a eu un peu de misère à s’imposer. Problèmes techniques, hésitations… La sono un peu faiblarde de l’endroit (au-delà du parterre, point de jus) n’aidait pas. Idem pour les Pop Winds, qui ont choisi de ne jouer que des nouveaux morceaux… Un peu dommage, considérant la qualité de ceux qu’on trouve sur leur (pourtant récent) album The Turquoise. Claire Boucher, alias Grimes, seule sur scène avec ses machines, était loin d’incarner l’assurance, elle qui interrompait souvent ses chansons pour en recommencer des passages, mais il y avait quelque chose dans sa nervosité qui interpellait le public. Ce dernier continuait de l’appuyer, quoiqu’il advenait. Il faut dire qu’elle a une fort jolie voix, des plus singulières, et qu’elle parvenait étrangement à garder le contrôle même lors des dérapages.

Contre toute attente, les Silly Kissers, souvent maladroits sur scène, ont assuré du début à la fin. Pas de fausses notes, pas de temps morts… Ils ont vraiment gagné en assurance. Le groupe semblait un peu éméché, mais ça n’a fait qu’ajouter à l’atmosphère de party qu’il a su installer.  Moi qui souhaitais partir après quelques morceaux pour aller à l’Espace Réunion, j’ai eu toutes les misères du monde à m’y résigner. Dans la salle, ça dansait allègrement.

À l’Espace Reunion, ça fêtait fort aussi, mais sur un mode différent. Sur disque, le quintette texan Indian Jewelry est à mi-chemin entre l’électro préhistorique de Suicide et le rock maussade du Velvet Underground, mais sur scène, il penche décidément plus du second côté. C’était bruyant, noir et délicieusement malsain, ambiance parfaitement rehaussée par des stroboscopes intenses. Le genre de concert qui donne presque envie d’être junkie.

Par après, il me restait juste assez d’énergie pour aller danser au son de Hudson Mohawke, dans un Club Lambi étouffant d’humidité. La salle était à peine à demi pleine à mon arrivée, mais le producteur écossais l’avait dans sa poche. Tout comme il l’a fait au Belmont, au printemps, il alternait entre des séquences hachurées de son crû, triturées en direct, et des tubes (remixés ou non) allant de Dead Prez à… Toto! Une approche bien variée, à l’image de l’événement qui le recevait.