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Tuyaux-concerts: Aloe Blacc, The Unsettlers et le GAMIQ

Les chansons ne sont que la moitié du travail. Après, il y a l’esthétique. Ça peut faire toute la différence entre une musique qu’on a envie d’entendre et une rengaine trop souvent entendue. À moins d’être Thom Yorke ou Malajube, dont le moindre éternuement suscite les louanges critiques, c’est souvent par les habits qu’il donne à son œuvre qu’un musicien exprimera sa pertinence, son habileté. Ou l’inverse. Exemple: la version des Black Eyed Peas de «(I’ve had) The Time of my Life». Grande chanson, mais supplice pour les oreilles et l’intelligence. À l’inverse, Sufjan Stevens est un compositeur quelconque, mais son style comme chanteur et arrangeur inspire la fascination.

En 2010, aurait-on pu prendre une autre copie carbone de la vieille soul des années 60 à la manière d’Amy Winehouse, Raphael Saadiq ou Sharon Jones? Sûrement, mais l’idéal est encore de varier un peu la sauce, sans pour autant renoncer aux avantages de ce son pur et édifiant. C’est ce qu’a su faire Aloe Blacc avec son dernier album, Good Things, paru en septembre chez Stones Throw. Formé aux écoles du hip-hop (avec le groupe Emanon) et de la musique latine, Blacc tâte maintenant du soul avec toute la ferveur et l’honnêteté et le talent de mélodiste d’un Marvin Gaye, mais il a habilement su éviter le moule du son nostalgique et vintage popularisé pour Winehouse avec Good Things, optant plutôt pour une enveloppe polie, intemporelle, dominée par des guitares et des claviers sages, une basse juste assez groovy et des cuivres solennels. Oui, le reste de l’album est aussi bon que le hit «I Need a Dollar», qui nous l’a fait découvrir plus tôt cette année. Allons tester les capacités du monsieur sur scène lors de sa visite au Belmont le mardi 16 novembre, en compagnie de Grand Scheme, Maya Jupiter, Effusion A Cappella ainsi que les DJ Scott C et Rilly Guilty. Fiou, ça fait du monde!

De la même façon, sans qu’on ait eu le temps de se lasser de l’explosion country qui secoue la scène montréalaise depuis quelques années, ça fait du bien d’entendre un groupe s’inspirer de la tradition et l’amener dans une tout autre direction. C’est ce que fait The Unsettlers (en photo), cet ensemble local formé de dix musiciens et d’un contorsionniste (!). Cousin de Lake of Stew et des United Steel Workers of Montreal pour avoir fréquemment partagé la scène avec eux, le groupe ajoute de bonnes doses de jazz, de musique tzigane, de rockabilly et de ragtime à ses ambitions folk et enrobe le tout d’une épaisse couche de théâtralité gothique. Et il ne fait pas les choses à moitié: deux ans après un premier album éponyme, il lance cette semaine Oil & Blood, un second album… double! Il célèbre la chose avec un concert au chic théâtre Rialto, ce samedi 13 novembre. La chantre jazz-pop locale Amanda Mabro débute la soirée. Si les moments plus dansants des Unsettlers (et il y en a: gare à la contagieuse nouvelle chanson «Luciano Pavarotti is Dead») vous donnent envie de danser, il y a lieu de rester sur place après le concert, puisque l’inénarrable Mickey Bernard (Salon officiel, M pour Montréal, etc.) y tient une nouvelle édition de ses soirées Farrah, avec comme DJ invités Reuben Wu et Mira Arroyo de Ladytron.

Avec la langue
Il reste encore cinq soirs à la 24e édition du festival Coup de cœur francophone, qui se poursuit jusqu’au 14 novembre. Parmi les arrêts obligés de cette fin de parcours, mentionnons les concerts de Bernard Adamus (mercredi 10 novembre au Club Soda avec Balimurphy), Dany Placard (mercredi 10 novembre à l’Esco avec divers invités), Bobo Boutin(jeudi 11 novembre à l’Esco avec Méta Gruau), Jérôme Dupuis-Cloutier (vendredi 12 novembre au Divan orange avec Grosse distorsion et Betalovers), Canailles (vendredi 12 novembre à l’Esco avec Mordicus) et les Frères Goyette (samedi 13 novembre au Divan orange avec Les Mallèchés).

Parlant de la relève locale, une semaine après le pénible exercice de l’ADISQ, c’est à son tour de parler d’amour le dimanche 14 novembre lors de la grande remise des prix du GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec). Ça se passe au Studio Juste pour rire et c’est animé par Réjean Laplanche de MusiquePlus. Outre les remises de 20 trophées (dans des catégories comme «album de l’année», «spectacle de l’année», «chanson de l’année», etc.), il y aura également des prestations de We are Wolves, Fred Fortin, Dramatik, Sunny Duval, Trigger Effect, Royaume des Morts, Le Kraken et Death Boat. L’événement est ouvert au public.

Autres concerts dignes de mention cette semaine: Glasser avec Twin Shadow et Bonjay, ce mercredi 10 novembre au Il Motore; Al P (de MSTRKRFT) avec Duvall et Jordan Dare, jeudi 11 novembre au Belmont (dans le cadre du vingt-cinquième anniversaire de l’établissement); Grinderman avec Armen Ra, vendredi 12 novembre au Métropolis; Mumford & Sons avec Cadillac Sky et King Charles, vendredi 12 novembre au National; The Barr Brothers avec Hidden Words, samedi 13 novembre à la Sala Rossa; DJ Shadow avec Pigeon John, samedi 13 novembre au Club Soda; Bedouin Soundclash avec Charlie Winston et Michael Rault, samedi 13 novembre au Métropolis; Tunng avec Adam & The Amethysts, lundi 15 novembre à la Casa del popolo et Ariel Pink’s Haunted Graffiti avec Os Mutantes, mardi 16 novembre au National.

Un immanquable? The Unsettlers avec Amanda Mabro, samedi 13 novembre au Rialto.