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Soirée Modeselektion @ MUTEK: variations sur un air connu

 

Après l’expérience Amon Tobin, la veille, c’était un peu difficile de se contenter de «simple» house, en cette deuxième soirée de la série Nocturne au Métropolis. La première du nouveau set en duo du Montréalais Jacques Greene (flanqué pour l’occasion du bidouilleur local Ango comme second claviériste) s’est tout de même avérée intéressante. Plus électro que son EP, moins garage, ce qui nous rapprochait un peu de l’univers de son autre identité (plus vraiment secrète à ce stade, mais bon, la révéler attire les foudres célestes). À l’arrivée de Falty DL, toutefois, ça n’allait plus: mélange de house, de hip-hop et de dubstep convenu, faible… Direction série Para-Nocturne de la SAT, donc, pour passer le temps en attendant Modeselektor

Là, j’ai trouvé quelque chose d’un peu plus à ma mesure. Je ne connaissais pas le duo anglais Hype Williams, mais me promets de revisiter son mélange sombre et enfumé d’ambient, de soul et de noise, à la fois langoureux et confrontateur. Un homme qui bidouille, une femme qui chante et joue des claviers, deux danseuses de part et d’autre de la scène dans une obscurité relative… Modeste, mais efficace. Un peu plus tard, je ferais également la connaissance de Sun Araw (en photo), un intéressant croisement de krautrock, d’électro, de no wave et de rock psychédélique exécuté en trio, avec guitares, basse et machines.

De retour au Métropolis, Anstam avait considérablement fait monter la tension. Son mélange de house, d’électro, de dubstep et de hip-hop était semblable à celui de FaltyDL, mais plus fouillé, inventif et sombre, presque industriel par moments.

Puis, Modeselektor. Le tandem berlinois avait promis quelque chose qui s’apparenterait davantage à un DJ set, lequel mettrait à l’honneur les artistes de son label Monkeytown, des démos de son nouveau matériel à venir et ses pièces préférées, quoiqu’avec ajouts live. Bien malin qui pouvait faire la différence avec les prestations «normales» du groupe. Ses sélections étaient allègrement découpées, charcutées et mélangées, tout aussi éclectiques que ses propres productions. Entrecoupées comme il se doit de ses tubes: «2000007», «Hyper Hyper», «Godspeed»… Après plusieurs visites en ville depuis la sortie de son album Happy Birthday, en 2007, ce changement de formule apportait un peu de fraîcheur au rituel Modeselektor, sans pour autant en diluer le dynamisme. Au bout d’une demi-heure, la salle (hélas seulement à demi pleine) dansait de façon soutenue.

Comme à chaque visite du groupe, on a pu constater à quel point la musique et la philosophie de Modeselektor vieillissent bien, ce qui n’est pas un mince exploit en musique électronique. Gernot Bronsert et Sebastian Szary ont le don de ratisser large, d’emprunter à un peu tous les styles avec une touche intemporelle, un peu comme Daft Punk ou Mr. Oizo. Un club bien sélect.

Il y a quand même lieu d’espérer qu’à la prochaine visite, le nouveau matériel soit à l’honneur.