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Jean Paul Gaultier: sa muse Farida Khelfa nous transporte dans l’intimité du créateur

«Je ne pensais pas être mannequin. J’étais brune, typée, pulpeuse. Je ne rentrais certainement pas dans le moule de l’époque!» raconte Farida Khelfa, amie et muse de longue date de Jean Paul Gaultier, qui signe un documentaire sur le célèbre créateur. Cette amitié, qui prend forme au début des années 80, a aussitôt débouché sur du travail pour cette fille d’immigrants algériens qui a grandi en banlieue de Lyon.

Aujourd’hui, Khelfa est l’emblème de la Parisienne: indépendante, chic et libre. Justement, pour elle, Paris est un pays en soi; elle se sentait à l’étroit à Lyon. «On peut faire ce qu’on veut à Paris. On est plus anonyme. C’est un passeport pour la liberté.» Elle a le plus grand des respects pour le milieu de la mode: «C’est intéressant, c’est un fait de société extrêmement vivant. Cela occupe une place centrale dans nos vies.» Ce qui explique en partie, pour elle, qu’on la retrouve de plus en plus souvent au musée.

Dans son documentaire Jean Paul Gaultier ou les codes bouleversés, Khelfa questionne Gaultier sur son processus de création et sur ses sources d’inspiration. On y voit d’ailleurs des images d’archives d’un jeune Jean Paul qui reconnaît d’emblée que sa culture est visuelle, qu’il regarde énormément la télévision. Son enfance heureuse en banlieue de Paris aurait aussi été marquée par les spectacles retransmis dans le salon familial. «Tout l’intéresse, il consomme des images en tout temps. Il voit tout: spectacles, mises en scène, Avignon et Off-Off-Avignon. Ses voyages l’inspirent aussi.»

 

 
 

 

Showtime
Depuis ses débuts, Gaultier place le défilé au coeur de chaque collection. Pour lui, la mode doit être spectaculaire, fantasque, surprenante. Cette énergie contraste avec les qualités intimes que lui reconnaît Khelfa en entrevue: «Il est très fidèle, bienveillant, timide, assez réservé et très pudique.» Sa plus grande blessure aura été la disparition de son amoureux et associé, mort du sida en 1990. «Seul, il ne l’aurait pas fait. Francis a cru en lui.» Le documentaire revient sur cette relation qui, pour Gaultier, pourrait bien avoir été le plus bel amour de sa vie, comme celui de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent. Gaultier reste d’ailleurs très impliqué dans la recherche d’un remède contre le sida. 

Une autre force de Gaultier, selon Khelfa, est sa résistance au cynisme. «C’est un des travers de notre société. C’est la mort de l’homme. Jean Paul est toujours dans l’enthousiasme, il a une énergie étonnante, il est innocent dans son regard sur le monde.»

Comme témoin privilégié de son parcours, Khelfa a voulu s’effacer, mais présenter à l’écran des femmes fortes et victorieuses, comme la mode de son ami. Carla Bruni et Dita Von Teese ont accepté son invitation. D’ailleurs, faire coïncider l’agenda de la Première Dame de France et celui de ce «couturier parisien par excellence» (l’expression est de Khelfa) n’a pas été facile. Finalement, la rencontre a eu lieu un dimanche, la veille du tournage de Carla dans Minuit à Paris de Woody Allen. «Je savais qu’elle le ferait avec poésie et finesse. Elle connaît Jean Paul depuis très longtemps, ils ont travaillé ensemble. Tout ça s’est passé dans l’amitié.»

Et selon Khelfa, quel est le moment mode le plus marquant de la carrière de Gaultier? Sans hésiter, elle lance: «Le corset de Madonna dans la tournée Blond Ambition. Jean Paul créait déjà des corsets depuis plusieurs années. Le monde entier a vu ces images-là.» 

 

 
 
 
 
Jean Paul Gaultier ou les codes bouleversés
Présenté le 15 juillet à 18h