Les Sadies nous forcent à aller à Laval pour profiter d’un des meilleurs groupes rock au monde
Olivier LalandeIls ne sont pas exactement jeunes, branchés, ni certainement pas «the next big thing». Mais comme les métaux précieux en temps de récession, les pourvoyeurs de sonorités indémodables prennent de la valeur lorsque la musique «à la mode» plafonne. Avec le piètre état de la pop et de l’indie-rock, le temps serait-il plus propice que jamais pour le quatuor torontois The Sadies?
Son CV l’a longtemps précédé. Mené par les frères Dallas et Travis Good, fils et neveux des membres des piliers folk canadiens The Good Brothers, le groupe a eu un rôle crucial dans la carrière de la grande Neko Case, dont il a cosigné le meilleur matériel, en plus de s’être associé à John Doe (X), Jon Langford (ex-Mekons, Waco Brothers), Andre Williams (avec qui il vient juste de signer une nouvelle collaboration, l’album Night & Day), Garth Hudson (The Band) et même Neil Young le temps de chouettes albums et tournées en duo.
Cependant, ses accomplissements les plus notables sont encore ceux qu’il a conclus sans invités de marque. Des débuts plus orchestrés de Tremendous Efforts (2001) ou Stories Often Told (2002) aux récents albums plus rock et dépouillés comme New Seaons (2007) et Darker Circles (2010), sa discographie marque une belle évolution, où le groupe a progressivement su amener ses compositions au niveau de talents techniques depuis longtemps établis.
Tout ça sans jamais délaisser le confluent country/rock psychédélique défriché d’entrée de jeu, en 1998. Darker Circles lui a d’ailleurs valu une nomination au prix Polaris en 2010. Puis il y a la scène, où les frères Good, le contrebassiste Sean Dean et le batteur Mike Belitsky s’avèrent plus à l’aise et redoutables encore, aptes à dévaler les rythmes rockabilly effrénés autant qu’à déployer les grands thèmes à la Ennio Moricone.
Jadis visiteurs plus fréquents à Montréal, les Sadies ne sont pas venus dans le coin depuis un an et demi. Comme il arrive de plus en plus fréquemment, Laval a mis la main sur la seule visite en périphérie montréalaise d’un joueur-clé en cavale.
Pas de nouvel album officiel en poche (sauf l’expérience Night and Day), mais oui, le temps est sans doute plus propice que jamais pour les Sadies. L’action du country/folk est à la hausse et malgré leur long parcours confidentiel, tout indique que ces messieurs sont encore en floraison.
The Sadies
28 mai | Studio-Théâtre de la Salle André-Mathieu
475, boul. de L’Avenir, Laval (près du métro Montmorency)
avec Young Rival
thesadies.com