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Le Bike-In annuel de POP Montréal propose le meilleur des films éducatifs débiles

On se souvient tous des films nous ayant marqué (lire: traumatisé) à vie en tant que jeune ado impressionnable. Dans mon cas, il y a la Chloë Sévigny trop naïve et le triste sort que lui réserve Larry Clark dans Kids, et le carnage complètement déstabilisant qui suit une conversation d’une banalité légendaire entre Samuel L. Jackson et John Travolta dans Pulp Fiction, à savoir le nom que donnent les Parisiens au Quart de livre avec fromage de McDo (FYI: le «Royal with cheese»!) Juste à y penser, j’ai des frissons.

Pour une génération plus âgée, par contre, les mémoires audiovisuelles les hantant depuis la tendre enfance sont tout autres. Les courts métrages éducatifs que produisaient nos gouvernements de 1940 à environ 1980, ça vous dit quelque chose? Le plus connu est certainement Duck and Cover (1951), un petit chef d’œuvre de propagande américain parodié à maintes reprises et qui informait les jeunes du protocole à suivre dans l’éventualité d’une attaque nucléaire.


Duck and Cover (1951)

POP Montréal, dans le cadre de son «Bike-In» annuel à la Terrasse St-Ambroise, a invité le fondateur du site A/V GEEKS, Skip Elsheimer, à transformer ce lieu de rassemblement festif en salle de classe rétro, le temps de partager avec nous quelques-uns des 24000 courts métrages éducatifs (tous en 16mm!) qu’il collectionne depuis plus de 20 ans.

« Ces films étaient tous à l'origine présentés dans un contexte éducatif, et c’est assez surprenant qu’on ait produit autant de trucs psychédéliques dans les années 60 et 70!» s’enthousiasme Elsheimer lorsqu’on le joint chez lui en Caroline du Nord. Bien sûr, on porte aujourd'hui un regard empreint de recul (et de sarcasme!) quant à ces petites perles patrimoniales, mais ne soyez pas surpris d’apprendre que bien des quarantenaires en font toujours des cauchemars. Pensez à tous ceux ayant été effrayés/émus/amusés/décontenancés à l'enfance par ces mises en garde peu subtiles. « Lorsque je présente ces films, il y a toujours des gens qui me contactent pour me dire qu’ils veulent les revoir, car la mémoire du film les hante toujours », affirme Elsheimer.

 

De la bonne propagande vintage 
Parmi les incontournables du Bike-In, aux dires de Skip, il y a Joyride : An Auto Theft (1976), l’histoire de deux potes voulant impressionner la gent féminine en cambriolant un char et faisant pas mal de vitesse; et The Fur Coat Club (1973), dans lequel deux jeunes filles avec un fur fetish pas encore assumé se promènent à Manhattan en touchant le plus grand nombre de manteaux de fourrure possible. Sans blague.

Dans un autre registre, il ne faut pas manquer Rouli-Roulant (1966) un petit trésor tiré des archives de l’ONF et signé Claude Jutra. Le film s’ouvre en faisant allusion à ce que bien des gens à l’époque considéraient comme une «épidémie» et un «fléau» affligeant les Montréalais: les skateboards! (Cris stridents à l’appui!) Mais on décèle rapidement le regard sensible, la caméra curieuse et la mise en scène imaginative de Jutra, qui part d’une démonstration détaillée des propriétés de la planche à roulettes (pensez «Skateboard for Dummies») pour en faire une ode romantique à la liberté sur deux roues.   

Et ce ne serait pas un vrai bike-in sans film alarmiste pour aspirants cyclistes : One Got Fat : Bicycle Safety (1963), un genre de Duck and Cover des infractions au code routier. Mettant en scène dix enfants arborant masques de singe (??) en route vers un piquenique, neuf d’entre eux se font assommer à tour de rôle de façon atroce/inventive pour cause de négligence. La morale: laisse tes amis singes se faire ramasser par des conducteurs bienveillants, pendant que toi, docile citadin, dévalise leurs vivres. Ça vaut le coup de suivre la loi : tu profites du plein air et de dix sandwichs à la dinde alors que tes copains imprudents sont vers la morgue. T'as compris??

  
Tiré de One Got Fat: Bicycle Safety (1963)

Au-delà des dialogues absurdes, des coiffures risibles et du ton moralisateur immanquable, ces films demeurent de fascinants témoignages de notre passé, précise Elsheimer. « Au début, je m’intéressais à ces petits films uniquement pour leur valeur quétaine et comique. Mais j'ai vité constaté qu’ils nous en disaient long sur qui nous étions, ce qui était important à nos yeux et quelles étaient nos peurs collectives… De croire qu’une école nous donnait des conseils d’hygiène personnelle et nous apprenait à draguer! Il y avait des films là-dessus. Et ça, à mon humble avis, c’est fascinant. »

 

POP Montréal, A/V GEEKS et Le Cineclub/Film Society présentent The Psychedelic Classroom
Samedi le 21 juillet de 16h30 à minuit
Terrasse St-Ambroise de la Brasserie McAuslan | 5080, rue St-Ambroise | popmontreal.com | mcauslan.com

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