Le chanteur, bidouilleur et arrangeur de Baltimore est un énergumène passé maître dans l’art d’en faire trop. Bien que maculé d’arrangements acoustiques, son nouvel opus ramène un décor à la schizophrénie bien familière: des superpositions éparpillées de gargouillis électroniques, d’échantillonnages incongrus, de synthés frisquets et de mélodies pop déglinguées. Comme bien d’autres enregistrements du bonhomme, America donne d’abord simultanément envie de sourire et d’administrer à Dan Deacon une grosse dose de lithium (et/ou une claque). On apprécie la désintégration de «Crash Jam» en une pluie de sons numériques, mais son délire manque de teneur. Avec les quatre mouvements de l’épique «USA», toutefois, l’artiste atteint une profondeur assez fascinante. Dans un tourbillon de références où se mêlent la pop classique de Brian Wilson (version électro laptop), le krautrock, l’électro-pop préhistorique de Kraftwerk et la musique classique contemporaine de Steve Reich, une vision plus structurée et ambitieuse émerge, et elle donne lieu à une grisante descente. Amusant, imprévisible, mais pas essentiel pour autant.