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8 valeurs sûres au FNC: Vincent Gallo, Fukushima et des jeunes vandales irlandais
C’est sûr qu’on ne pourrait parler de « pénurie » de festivals de cinéma à Montréal. Sauf que c’est loin d’être une raison valable pour passer à côté du plus impressionnant rendez-vous cinématographique de l’année. Le Festival du nouveau cinéma approche déjà le fil d’arrivée, et tu aurais tout intérêt à laisser sa riche sélection de films t’émerveiller. L’épaisseur du catalogue t’intimide? Pas de souci, Nightlife.ca a épluché la programmation fin-de-parcours pour te présenter les 8 titres les plus éclatés à voir d’ici dimanche.

 

1) Insurgence
Groupe d’action en cinéma Épopée (Québec / Canada)

Le mystère plane sur ce long métrage massif (on prévoit une durée de 141 minutes) du Groupe d’action en cinéma Épopée. Même le titre du film reste pour l'instant provisoire. Le sujet, par contre, est bien connu de tous : un retour sur la grande mobilisation sociale qu’a connu le Québec au printemps dernier. La question que plusieurs se posent : avons-nous pris assez de recul du fameux « Printemps Érable » pour en tirer de nouvelles conclusions ? Ça reste à déterminer. Mais tout porte à croire que le projet vaudra le détour : l’un des récents documentaires auquel le groupe a collaboré, Homme à louer, nous a complètement bouleversé avec son regard sensible mais sans fard sur la dure réalité des jeunes hommes prostitués à Montréal. À suivre…

Jeudi 18 octobre à 21h au Cinéma Impérial

 

2) Clip
Maja Miloš (Serbie)

Lire la critique ici

Vendredi 19 octobre à 18h15 à l’Excentris
Samedi 20 octobre à 15h30 à l’Excentris

 

3) The Legend of Kaspar Hauser
Davide Manuli (Italie)

La proposition la plus décalée du festival s’inspire (très librement, on précise) du classique de Werner Herzog datant de 1974. Le vrai Kaspar Hauser était un ado « sauvage » apparu à Nuremberg en 1928 après avoir passé sa jeunesse séquestré. La relecture surréaliste du réalisateur Davide Manuli transforme Hauser en club kid androgyne qui se réveille mystérieusement sur une île déserte et bouscule l’ordre établi de sa minuscule communauté (ils sont 5!). L’incomparable weirdo Vincent Gallo y tient d’ailleurs plus d’un rôle : trafiquant de drogue et shérif à l’esprit assez cowboy. L'histoire plutôt abracadabrante est appuyée d'une puissante trame sonore de Vitalic, figure phare de l’électro française. Un mariage inédit entre techno tonitruante et Far West en noir et blanc. Ça détonne !

Vendredi 19 octobre à 19h15 à l’Excentris

 

4) Peaches Does Herself 
Peaches (Allemagne)

Lire la critique ici 

Vendredi 19 octobre à 21h à l’Excentris
Dimanche 21 octobre à 13h30 à l’Excentris

 

5) The Chemical Brothers : Don’t Think
Adam Smith (Angleterre / Japon)

On avoue ne pas avoir été immédiatement emballé à l’idée d’un énième projet de captation de spectacle multi-caméras. So what, right? Mais lorsqu’on s’est entretenu avec le programmateur Julien Fonfrède, et qu’il nous a confié qu’il s’agissait, à son avis, «de l’un des grands concerts filmés au cinéma – il n’y a pas eu quelque chose d’aussi fort depuis Stop Making Sense des Talking Heads et Gimme Shelter des Rolling Stones », on a alors prêté une oreille plus attentive. Filmé en plein cœur d’un Fuji Rock Festival en 2011, avec quelque 50 000 Japonais en délire ne pouvant plus se contenir au son des block rockin’ beats des Chemical Brothers, pionniers du Big Beat, le film nous aspire dans son cyclone d’extase et de joyeux délire. Le réalisateur britannique Adam Smith privilégie les gros plans de spectateurs en transe et évite ainsi de se limiter aux bains de foule qui impressionnent momentanément, mais dont on se lasse rapidement.   

Samedi 20 octobre à 14h45 à l’Excentris

 

6) Blackbird
Jason Buxton (Canada)

On nous martèle sans cesse que le cinéma canadien du « ROC » peine à trouver son public, mais ce premier film tout en nuances du réalisateur Jason Buxton (Prix du meilleur premier film canadien au TIFF) ne pourrait être plus d’actualité. Qu’il soit question de tueries à la Columbine (tel que suggéré dans les récents We Need to Talk About Kevin et Beautiful Boy) ou du triste sort réservé à ceux qui vivent quotidiennement l’intimidation (comme l’a illustré le troublant Bully), l'école secondaire est un terrain de jeu au potentiel dévastateur. Dans Blackbird, Sean, un jeune brillant mais à l’écart du groupe (perfo d’une surprenante maturité de Connor Jessup), se fait écoeurer par une jolie meute de jocks tout ce qu’il y a de plus épais. Le petit village sans histoire de Bridgewater en Nouvelle-Écosse sort rapidement l'artillerie lourde après que Sean ait publié un post sur son blogue dans lequel il évoque le désir d'abattre tous ces fameux jocks… L’hystérie générale s'empare de la communauté, Sean se voyant vite expédié vers un centre de détention juvénile. Dans la vraie vie, on arrive rarement à cerner les motifs et le contexte ayant rendu possible ce genre d’acte. Le contemplatif Blackbird nage dans des eaux aussi troubles, et c’est tout à son honneur.

Samedi 20 octobre à 19h45 à l’Excentris

 

7) Dollhouse
Kirsten Sheridan (Irlande)

Un groupe de jeunes délinquants irlandais s’amusent à vandaliser une maison bourgeoise le temps d’une nuit alors que les tensions montent rapidement au sein du groupe. Si ça vous rappelle les jeunes militants berlinois de The Edukators, qui entrent par infraction dans de somptueuses demeures afin d’en réarranger les meubles, détrompez-vous. Ici, les motifs des jeunes sont beaucoup moins réfléchis et le crime de départ donne plutôt lieu à des meubles vissés au plafond, des marqueurs laissant de généreuses traces aux murs, ainsi qu’à un chaos de drogue et de drinking games. Mais le film prend vite des détours inattendus, avec l’arrivée d’une mystérieuse ado aperçue pieds nus dans le salon. Kirsten Sheridan a préconisé un tournage laissant énormément de place à l’improvisation : un plan d’une quinzaine de pages a servi de matière première qu’ont ensuite étoffé les acteurs et la réalisatrice au moment du tournage. Prenant parfois des airs de thriller, le chaos au cœur de Dollhouse fait rapidement place à des révélations d’autant plus inquiétantes.

Dimanche 21 octobre à 17h20 à l’Excentris

 

8) The Land of Hope
Sion Sono (Japon)

Un film d’une surprenante retenue du maître japonais Sion Sono, qu’on encense à l’international pour son cinéma ancré dans la provocation, l’excès et la démesure (lisez notre critique de Guilty of Romance, présenté au FNC l’an dernier, ici). Rien de tout ça dans The Land of Hope. Sono nous confronte à la souffrance d’une famille de fermiers profondément ébranlée par la catastrophe nucélaire de Fukushima. Ils font face à un choix déchirant : rester dans la zone sinistrée et mettre la santé de tous en danger ou quitter et recommencer à zéro. Tourné sur les lieux mêmes de la catastrophe (Sono a d’ailleurs passé six mois dans la région lors de l’écriture du scénario), le réalisateur a dit en entrevue avoir emprunté le chemin de la fiction pour ne pas sous-estimer la tragédie et en tirer de meilleures leçons. Le décontenançant The Land of Hope s’apparente toutefois énormément au documentaire, et Sono intègre plusieurs entrevues qu’il a faites sur place dans son scénario. Une ode émouvante à l’instinct de survie, avec une mise en scène sublime, à mille lieues du racoleur.

Dimanche 21 octobre à 17h30 au Cinéma Impérial

 

Festival du nouveau cinéma
Jusqu’au 21 octobre | nouveaucinema.ca