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Le surprenant tandem brooklynois Javelin revient présenter sa pop multiforme à Montréal
Crédit: Les deux cousins s'éloignent de l'esthétique bricolée et brouillonne de leurs débuts sur Hi Beams, un nouvel album conçu dans un vrai studio.

Entre les mélopées sinueuses de Patrick Watson et l'adlib mystique de Grimes ou de Purity Ring, il ne semble plus rester grand place pour la pop bien découpée. Les uns diront que c'est une forme dépassée, les autres, comme le tandem Brooklynois Javelin, arrivent tout à la fois à perpétuer la tradition et à la redéfinir. Dans le second clan, tout le monde gagne.

C'est que Javelin puise ses racines dans l’échantillonnage d'albums obscurs, mal aimés, de seconde main. On ne parle pas des classiques soul des années 60 ou des trésors de Studio One, mais bien de la section à 1$ à L'échange. Limite mauvais. Rincez, répétez, mélangez et ajoutez à tout ça des partitions originales de guitares, de claviers, de machines à rythme et de chant, et vous avez un melting pot original (oui, oui, ça existe encore en 2013) d'un peu tous les genres produits depuis 40 ans. Cette pratique a beau venir d'un amour profond du hip-hop, Tom Van Buskirk et Georges Langford restent des amoureux de la mélodie. Le résultat est donc indécrottablement pop. Ça a donné l'excellent No Màs, en 2010, et ça donne maintenant le tout aussi agréable Hi Beams, un second opus paru début mars, toujours sous Luaka Bop, le label de David Byrne.

Durant les trois années qui se sont écoulées depuis No Màs, Javelin a tourné avec Yeasayer, Sleigh Bells, Major Lazer et bien d'autres. Il a aussi expérimenté avec des concepts (le EP Canyon Candy, constitué exclusivement de samples country) et Langford est devenu papa.

Pour Hi Beams, le tandem s'est frotté au procédé plus classique de l'enregistrement en studio, en compagnie d'un ingénieur, alors que ses premiers enregistrements avaient été bricolés à la maison. Le sampling serait donc passé à l'arrière-plan au profit de davantage de partitions jouées. Pour l'auditeur, il est néanmoins toujours aussi difficile de distinguer les sources. Et c'est une bonne chose: on aime Javelin parce qu'il y dépayse et désoriente.

La vraie bonne nouvelle, c'est que les nouveaux arrangements ont été pensés de façon à être plus faciles à rendre live. La scène était le point faible du groupe jusqu'à maintenant… Voyons si la nouvelle approche a permis d'y remédier. Les chansons en valent la peine.

Javelin
20 mars | Il Motore
179, Jean-Talon O.
avec Raleigh Moncrief
dollarbinsofthefuture.com