J'sais pas si t'as suivi la saga Kendrick Lamar, la semaine dernière, mais en gros, il a featuré sur une track de Big Sean pis en a profité pour s'en prendre à la majorité de ses collègues rappeurs (I got love for you all but I'm tryna murder you niggas), en plus de s'autoproclamer roi de New York (alors qu'il vient de Compton).
Grosse crisse de bombe drette dans l'écosystème du rap USA. Certains MCs ont répondu via mp3 mais d'autres se sont plaints de son couplet, sur Twitter. Et c'est là que la légende vivante, Big Daddy Kane (quoi, tu sais pas c'est qui?), s'en est mêlée en crissant 1000 galons de sagesse au visage de tout l'monde:
C'est exactement ça. Du GOSSIP. C'est un terme pas mal plus d'actualité et global qu'il n'aurait pu se l'imaginer. Ce qui m'amène à te parler, non pas de Kendrick Lamar, mais de gossip sur les médias sociaux. Ou plutôt, comment les médias sociaux font en sorte que nos plus banales contestations prennent de plus en plus la forme d'un gossip. Du moins, dans la sphère du divertissement.
À une époque pas si lointaine, on se dénichait aisément d'excellentes raisons pour s'en prendre à des bands locaux. Comme par exemple, on pouvait frapper sur ceux qui n'hésitaient pas à rendre leur musique atrocement accessible, histoire d'être diffusés à Musique Plus. Et comme on payait pour avoir accès à la station, on se donnait un droit de regard, plutôt légitime, sur le contenu qu'une de nos deux seules stations dédiées à la musique nous servait.
Ce droit de regard, on se l'octroyait pour tout: les journaux, la télé, les disquaires, les étiquettes, pis la radio. On remettait en cause la pertinence de tous les artistes qui passaient par là, parce qu'ils nous étaient présentés par une équipe de gens qui travaillaient fort pour qu'on entende parler d'eux. On ne s'empêchait pas d'leur laisser savoir qu'ils se trompaient dans leur choix, dans leur volonté de nous vendre quelque chose.
Et ça, c'était pas du gossip, parce qu'on avait le droit de dénoncer c'qu'on tentait de nous imposer de force dans les oreilles.
Mais aujourd'hui, avec le web, on est ailleurs. Plus personne ne dépend de Musique Plus comme avant. Alaclair Ensemble en est un très bon exemple. Plus personne n'attend d'être interviewé pour mettre ses tripes sur la table. Tout l'monde est devenu, plus que jamais, son propre média. Et ces "propres médias", y'en a POUR LES FINS PIS LES FOUS (shout out à cette expression).
T'aurais beau me demander de démolir le vlogueur populaire le plus médiocre de sa génération (KcProd); je ne saurais quoi écrire. J'pourrais m'étendre sur l'absence de contenu, certes, mais au final, s'il n'est poussé par aucune machine et que son succès, issu de la spontanéité, est à 100% attribué à ses 75 000 abonnés sur Facebook; j'peux pas vraiment t'aider. Il ne s'adresse ni à toi, ni à moi pis ne s'retrouve dans la télé de personne.
On parle aujourd'hui d'entertainers qui montent sur un galon d'peinture viré à l'envers, au beau milieu d'un vaste terrain vacant (Internet, bro), et frappent de toutes leurs forces sur une casserole (Youtube, mettons) dans l'attente qu'on leur accorde un peu d'attention (des likes pis des partages). Des gens qui partent de rien et font leur bout de chemin avec rien. Des gens qui se retrouvent rarement là où ils ne devraient pas être, en train de caller un open house au beau milieu du néant, là où aucun voisin ne pourrait se plaindre du bruit.
Et si on répondait à leur appel; TU VAS FAIRE QUOI? Te plaindre? À qui? À Facebook? À YouTube? À Bandcamp? C'est ça.
Fak oui, c'est correct d'émettre c'que tu penses de ces artistes qui s'auto-webgèrent, mais si t'en fais ton combat, c'est là qu'ça devient du gossip (lire: pleurnichage) pis rien d'autre.
Je te déteste.