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Critique de «Conte du Mile End»: réflexion pertinente autour du cul

Film réalisé par Jean-François Lesage qui donne au final une sorte de documentaire qui se mêle à la fiction pour poser un regard sur notre conception moderne de la fidélité, Conte du Mile End est un essai sans prétention réussi.

Une rupture entre un couple. On suit l’un des amoureux blessé marcher dans son quartier du Mile End errant de lieu en lieu. Il passe de la rue, à un souper entre amis, à un bar, croisant des gens qui s’ouvrent à lui. Il écoute. On parle de fidélité, on parle d’amour. Différentes approches pour ouvrir sur la pertinence du concept imposé de la fidélité dans notre société actuelle. On voit les différentes luttes intérieures que mène chacun des individus pour arriver à comprendre pourquoi, malgré la volonté de s’en défaire, la fidélité reste un élément ancré dans nos valeurs. On blâme l’époque révolue, en passant par la comparaison de l’homme à l’animal dans son besoin d’assouvir ses pulsions, le sexe pour du sexe.

D’un autre point de vue, on a le romantique qui sans l’avoir pratiqué, se dit que la fidélité arrivera à lui le jour où il rencontrera celle qui lui fera arrêter de détourner son regard des autres. On revient sur une époque pour constater les tristes mariages gardés par la religion des êtres qui s’endurent sans s’aimer, mais sans se tromper. On avoue avoir trompé, mais sans avoir trompé ses sentiments envers l’autre. On se rend compte bien souvent qu’une relation ouverte n’amène pas le même statut qu’une relation dite exclusive. En même temps, on se rend compte que c’est un peu rêvé que de vouloir la fidélité. À ça, certains préfèrent rêver et d’autres rester dans une réalité plus concrète.  

Le film de Lesage a un ton poétique. L’image alimentée par les filtres des lumières de la nuit apporte un élan de mélancolie. On regarde le protagoniste se perdre dans la parole des autres, les laissant parler. Interruption à quelques reprises de chansons interprétées dans leur intégralité, question de saisir encore plus le pouls de notre génération. On peut penser à Chronique d’un été d’Edgar Morin et de Jean Rouch pour cette façon de laisser parler ses sujets. Les gens sont laissés à eux-mêmes dans cette discussion. La caméra, même si proche, se fait distante.

Tourner la page sur un faux concept de l'amour heureux. Tourner la page sur le concept de l'amoureux mal aimé parce que trompé. On dissocie le rapport sexuel de l'amour. On voit la volonté de ceux qui veulent progresser, mais en même temps on voit une insécurité d'assumer totalement le jeu du couple ouvert. Comme quoi il est difficile de transgresser les barrières de notre société malgré les meilleures intentions, parce qu'au final, on est tous un peu romantiques, avec des pulsions sexuelles.

Conte du Mile End
En salle dès le 6 décembre au Cinéma Excentris