Qui n'a pas tremblé d'effroi au son de cette tronçonneuse mythique du 7e art? Quarante ans après le visionnement cauchemardesque de Massacre à la tronçonneuse, le souvenir d’effroi persiste… Le 30 juillet, le maître du film d'horreur, Tobe Hooper, recevait un prix honorifique de carrière dans le cadre de la 18e édition du Festival Fantasia. Son mythique film version 1974 vient d'être restauré – une opération colossale, remarquable.
Le célèbre réalisateur arbore une mine enchantée à l’annonce de ce prix exceptionnel remis lors d’une soirée dévoilant la nouvelle mouture de son film culte. Aucune langue ne pourra traduire le sentiment de fierté l’habitant, quelques heures avant. «It feels great; it's terrific, not horrific!», lance tout sourire le réalisateur texan âgé de 71 ans. Il s’agit de l'un des prix honorifiques dont il est le plus fier. En 40 ans, il considère s'être accompli dans l'industrie du cinéma, ce monde terrible et fou, où les descentes amères et les succès glorieux cohabitent. Un réel roller coaster! évoque-t-il. Le cinéaste soulève la difficulté d'évoluer dans le sillon des créateurs indépendants, dans cette industrie cantonnant dans les archétypes. À ses yeux, acteurs et réalisateurs en sont les victimes et ce, dès les préludes d'une carrière dans le cinéma.
Massacre à la tronçonneuse, film culte après quatre décennies, toujours en tête des films d’horreur avec ses versions. Hopper a-t-il signé un pacte avec le diable pour l’immortaliser et lui redonner vie? Pour Hooper, le film est arrivé au bon moment et a réussi à faire peur mais au-delà de tout, les caractères des personnages en ont fait le succès. «Leurs comportements, leur réalisme les rapproche de nous. On est dérouté jusqu’à la fin, on perd le fil et chacun se sent impliqué comme une part de cet univers électrique», explique-il. Le réalisateur aime les films dont le souvenir perdure et hante de retour à la maison. La sensation de vide, de réflexion post-visionnement est la marque du film réussi. Le long-métrage portait également une critique de la société américaine en pleine guerre du Viêt Nam. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une scène où l’on entend les nouvelles à la radio, chacune plus horrible que l’autre. «L’esprit politique du film est venu à une époque où l'énergie était sur terre et dans les airs», ajoute le cinéaste, qui croit que la société actuelle est doublement plus confrontée à l’horreur qu’il y a 40 ans.
Étonnamment, Monsieur «Massacre» pourrait nous surprendre avec la réalisation d’un film comique. Il songe d’ailleurs à un film à la Polanski du genre Chinatown, où une part sombre s'exprimerait. Woody Allen l'épate aussi. Il admire le prolifique réalisateur, l'un des rares de l’industrie à produire un film par an. Hopper avoue même avoir visionné maintes fois Midnight in Paris. Le pulpeux univers des filles de Springs Breakers de Harmony Korine l’envoûte littéralement. Tant qu’il pourra travailler à des projets excitants, il restera actif.