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Victime de la porn : chercher quelqu’un qui n’existe peut-être pas
Crédit: Émilie Deshaies

Tout le monde le sait, nous sommes tous plus ou moins conditionnés à désirer certains trucs dans la vie. Des trucs qui ne sont pas forcément réalistes. Par exemple, au niveau du grand amouuuur…!

Le tripeux de porn fantasme sur sa chick d’adon au cul orgasmique. La princesse rêvasse de son prince charmant aussi libidineux qu’abdomineux. Et ce n’est pas toujours si extrême. Des fois, c’est juste la fille qui cherche un jeune homme aussi fiable que son père ou le gars qui cherche une jeune femme qui couine autant que sa mère. (Ok, ça s’en vient weird.)

On est bombardés de tous les bords à se faire dicter ce qu’on devrait vouloir désirer. Et quand le bonheur se fait attendre, ce sont souvent Disney, Hollywood et la porn qu’on entasse au banc des accusées. C’est eux qu’on blâme d’avoir pimpé nos attentes.

« À cause de vous autres, je cherche quelqu’un qui n’existe même pas! »

Mais je ne sais pas si sans tous ces médias, on s’en sortirait mieux tant que ça. Dans mon cas, en tant que fils ingrat, j’aurais aussi le réflexe de blâmer mes parents. Peut-être que s’ils avaient divorcé comme tout le monde, je ne serais pas là à chercher The One comme un épais. Quels salopards! (Ben non, je les adore.)

Mais peut-être qu’en cassant nos attentes plus jeune, on est plus apte au bonheur plus tard. Après tout, avoir des attentes est un excellent tremplin vers la déception. Et c’est souvent ce qui résume notre vie amoureuse : une succession de déceptions.

Bon, je suis un peu déprimant, mais quand même. On essaie tellement. Une longue séance d’essai-erreur où le mot erreur est en caractère un peu plus gras. On essaie des approches différentes, des personnalités différentes, des formats différents, des orgasmies différentes. N’importe quoi pour enfin trouver quelqu’un avec qui on serait heureux. Bien à deux.

À force d’accumuler les échecs, le cœur s’use. On perd tranquillement nos idéaux. On devient un peu plus blasé. Un peu plus cynique. Un peu plus mort. Et puis, lors d’une période un peu plus creuse, on remet en doute nos attentes.

Peut-être que cette personne tripante et bandante avec qui on arriverait à bien se comprendre, c’est trop demander. Peut-être que les attentes qu’on juge « réalistes » sont aussi « réalistes » qu’une télé-réalité est « réaliste ». En y pensant bien, si on énumère tout ce qu’on a besoin de trouver chez quelqu’un pour que ça fitte, on peut se ramasser avec une liste assez longue. Assez longue pour perdre espoir. Assez pour que ça semble impossible.

Et je ne sais pas pourquoi, mais on dirait qu’à chaque fois où t’es enfin persuadé que c’est impossible d’être bien en amour. Le jour où t’es certain que tout le monde en couple ment et n'est pas si heureux que ça, il y a un couple d’amis qui annonce son mariage.

Et tu y crois! Ce n’est pas irréaliste. Ce n’est pas quétaine. Ce n’est pas fake. Bon, ton amertume a quand même le goût de crier « Qui c’est qui se marie encore en 2014, tabarnak!? », mais tu le sais que c’est ta jalousie qui parle. Qui chigne.

Parce que leur couple, c’est d’une évidence… Ils fittent admirablement bien. Ce n’est pas qu’ils ont zéro travers ou qu’ils ne s’engueulent jamais ou que leur libido est toujours parfaitement synchro. C’est juste que leurs personnalités s’agencent bien. Leur combinaison est juste assez imparfaite pour qu’on y croie…  et juste assez parfaite pour nous faire chier.

Autant j’haïs ressentir ce feeling-là avec toute mon envie et mon immaturité, autant j’aime témoigner de ce genre d’évidence. Un couple crédible que je vois rester ensemble pour longtemps. À qui ça prendra quelque chose de gros pour arriver à l’écorcher.

Parce que trop souvent, la réalité suce. Tellement qu’on en vient à se demander si nos attentes ne sont pas trop élevées. Si on ne perd pas notre temps à chercher quelqu’un qui n’existe pas. Ces couples-là, ils redonnent un peu d’espoir. Et même si nos grandes attentes sont souvent responsables de nos nombreuses débarques, ce sont ces petits espoirs-là qui permettent de s’en relever.

(Ça, ou une criss de bonne blowjob.)