Depuis deux ans, Olivier Bernard, un pharmacien illustrateur irrévérencieux, profite de son blogue Le Pharmachien pour nous catapulter au visage une chaudière de gros bon sens à propos des préjugés sur la crème solaire, les effets du sucre, la désinformation au sujet des vaccins et tout un tas de sujets de notre santé quotidienne. Ce mois-ci, il rapplique avec une bande dessinée en entier!
Son objectif: différencier le vrai du n’importe quoi en massacrant et ridiculisant nos fausses croyances. Une véritable déclaration de guerre menée par un nerd assumé qui n’hésite pas à imaginer un monde médiéval fantastique où ses différentes thématiques sont représentées par un royaume.
Ses dessins sont drôles, colorés, évocateurs et ont toujours l’effet d’un petit coup de poing. Son survol historique de l’évolution de la médecine est absolument hilarant. Son coup de gueule contre les tentes de sudation est absolument jouissif, alors qu’il imagine un spécialiste résumer la pratique: «Tu entres là-dedans, je te recouvre avec de la boue, des draps et une bâche de plastique. Ensuite, je mets ta tête dans une boîte de carton et j’augmente la température. Dans environ deux heures, je viens voir si t’es encore vivante.»
On sourit également en découvrant le Tabarcomètre, la liste des phrases à ne surtout pas prononcer devant un médecin. On adore quand il attaque à coup de batte de baseball notre perception de la santé et qu’il remet en perspective les réactions franchement louches de certaines personnes à propos des effets secondaires de leurs médicaments: «…quand je reviens de mon jogging et que je prends mon médicament en même temps que celui pour la migraine, entre deux cafés et un jus de pamplemousse, je deviens constipée! Me semble que vous auriez dû découvrir ça dans vos études cliniques, bandes d’écœurants!»
Olivier Bernard
Les passages aussi divertissants qu’instructifs remplissent les pages de sa bande dessinée, mais tout n’est pas rose dans l’univers du Pharmachien. Olivier Bernard avoue que son œuvre n’est pas un livre sur la santé selon les standards habituels, avec des références qu’il a en horreur. Il est conscient qu’il ne se fera pas d’amis et que plusieurs acteurs du milieu de la santé l’ont déjà en horreur. Mais on ne peut faire autrement que de noter sa tendance à mettre les bons d’un côté et les méchants de l’autre, lui qui classe les différents intervenants de la santé en deux catégories: les lumineux et les obscurs. Hypothèse: il passe peut-être trop de temps à regarder les vieux Star Wars pour se rappeler qui se trouve du côté sombre de la Force…
Olivier Bernard prêche pour que les acteurs «lumineux» de la santé (médecins, pharmaciens, physiothérapeutes, infirmières, psychologues et autres) réalisent qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir aider les gens, mais il s’exprime comme un représentant de la médecine occidentale qui regarde de haut tout ce qui fait partie de la santé dite alternative.
Même si sa vision est assumée, elle n’est pas moins un exemple de spécialiste ultra cartésien qui n’hésite pas à prendre des raccourcis intellectuels pour discréditer les autres pratiques. Bref, un livre souvent brillant, presque toujours drôle, mais plombé par une dose de mauvaise foi qui fait grincer des dents.
Lancement du livre
Mercredi le 22 octobre à 17h | Divan Orange | 4243, boul. St-Laurent
Le Phamachien | Disponible à compter du 23 octobre | livre.lepharmachien.com