Le film «Henri Henri» révèle au grand jour le talent de l’acteur québécois Victor Andrés Trelles Turgeon
Hélène BoucherPorté par une constante quête d'actualisation dans le jeu, et mû par une versatilité à incarner des êtres sombres et lumineux, le beau ténébreux Victor Andrés Trelles Turgeon a tout pour devenir un prodigieux comédien, ici et ailleurs. Actif au théâtre, au petit et grand écran depuis 2001 – année charnière de son tout premier rôle au cinéma sous la houlette de Micheline Lanctôt dans Pour l'amour de Dieu – Trelles Turgeon ne refuse aucune occasion de s'exprimer. Né au Pérou, il adopte le Québec à l'enfance et parfait ses études à l'École nationale de théâtre du Canada. Trilingue, il participe à des tournées de théâtre en Ontario en 2008 (Rage) et en France en 2012 (Éclats et autres libertés). Les séries télé 30 vies, Mirador et O´ figurent sur son riche parcours. Avec le rôle de François dans le film Le Torrent de Simon Lavoie, l'acteur atteint un haut niveau de performance qui lui vaut une nomination aux Jutra en 2013.
Jusqu'où peut-il aller dans son interprétation? Soucieux du moindre détail, le comédien s'est senti près de Henri. Ce garçon fondamentalement bon, un brin naïf, a le don unique de raviver les lumières des appareils défectueux et des lampadaires. Recueilli dans un couvent, sans parents, Henri devra voler de ses propres ailes et se trouver une voie dans la société. Le scénario a plu à l'acteur, qui s'y est fié afin de trouver les failles de son personnage, ses aspects plus sombres et cerner sa quête. «Il sourit avec insouciance et paraît candide et idiot, on peut profiter de lui mais il est beaucoup plus que ça», évoque Victor Andrés. Sa capacité à réagir vite face aux rudesses de la vie, à ne pas se refermer sur lui plaît au comédien. «Son sourire, c'est son arme», ajoute-t-il.
Le 7e art québécois fascine Victor Andrés. Il en apprécie l'élan des créateurs, fidèles à leur démarche avant tout. «Ils racontent les histoires qu'ils veulent et non pas ce que la machine voudrait qu'ils racontent», soulève-t-il. Ce qui importe, selon lui, c'est qu'ils puissent se laisser aller en créant quelque chose qui leur appartient, qui correspond à leur imaginaire, à leur singularité. La fonction de l'acteur dans cette dynamique bien de chez-nous consiste à s'imprégner de ces scénarios formidables qui font fureur même à l'international. «Nos réalisateurs s'exportent bien, il faut éviter la catégorisation et laisser libre cours à leur écriture», croit dur comme fer l'artiste. Et ne pas oublier l'esprit d'équipe, pierre d'assise de tout film. Avec Henri Henri, il a baigné dans un climat d'amour où chacun exprimait joie et professionnalisme sur le plateau. Autour de ses acolytes Sophie Desmarais, Marcel Sabourin, Jean-Pierre Bergeron et Michel Perron, il a ressenti un tel sentiment.
Ouvert au monde, Victor Andrés se réjouirait d'avoir comme mentor des réalisateurs hispanophones tels que Jodorowsky et Almodóvar. À leurs côtés, il trouverait non seulement un tremplin mais surtout, l'occasion parfaite de confronter ses acquis sous leurs lumières, leur expérience avec des acteurs confirmés. Il reste toutefois sur ses gardes face à la machine du 7e art dont même Almodóvar ne peut faire fi. Le parfum de glamour? Pas pour lui. Travailler ici ou ailleurs le stimule, tant qu'il pourra explorer des rôles complexes, riches en vécus et en secrets.
Henri Henri
En salles dès le 7 novembre