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Le Détesteur: «vapoter», le mot qui a tout gâché
Crédit: Murphy Cooper

Au printemps dernier, un ami me confiait qu'après une vingtaine d'années à fumer la cigarette, il en était finalement quasi venu à bout de sa dépendance avec pour remède la cigarette électronique et, évidemment, bien de la volonté. Ce même ami, une année plus tard, m'admet ne plus traîner sur lui son engin à vapeur dans les endroits publics; il en aurait dorénavant légèrement honte. Comme plusieurs.

Qu'est-ce qui s'est passé? Qui est à blâmer? Le grand responsable, c'est le mot «vapoter». Celui qui, au final, s'est avéré à être un véritable poison sur le plan esthétique. Celui qui a tout gâché. Celui qui fait honte.

Vapoter, ça sonne marché aux puces ou comme mon ami Joseph l'a déjà écrit, vapoter c'est les nouveaux souliers Crocs.

Vapoter, c'est le dude qui consomme tellement de Redbull qu'il se fait tatouer son logo sur l'épaule. Vapoter, c'est arborer un manteau Babyphat en 2015. Vapoter, c'est se dégoter un joli t-shirt à l'effigie des Têtes-à-Claques chez Dollarama. Vapoter, c'est le mononcle qui sur un ton enthousiaste balance un FULL COOL pour épater les jeunes en vain. Vapoter, c'est des sweatpants trop lousses qui traînent dans la vieille sloche brune printanière. Vapoter, c'est du faux Dolce & Gabbana. Vapoter, c'est le drapeau du Québec suspendu à la fenêtre en guise de rideau. Vapoter, c'est le proprio passif-agressif d'un triporteur. Vapoter, c'est s'adonner à une partie de Guitar Hero. Vapoter, c'est collectionner les produits dérivés issus du jeu Angry Birds.

C'est ça qui s'est passé. Vapoter a changé la game, mais pas nécessairement pour le mieux. On dirait que le public visé est celui qui correspond à tout ce qui a été énuméré plus haut. C'est triste et cruel à dire, mais aussitôt que ce dernier met la main sur une marque, on sait déjà que c'est le début de la fin pour celle-ci. Public jamais bien à l'affût et peu souhaitable, il se réapproprie et convertit à son image les produits auxquels il adhère en tout dernier et du coup fait fuir les adeptes de la première heure.

C'est malheureux puisque les médecins sont pourtant plusieurs à vanter les bienfaits de la e-cigarette en ce qui concerne son efficacité dans la lutte au tabagisme. Une récente étude le démontre bien. Mais voilà, on est déjà à se moquer des vapoteurs comme on se moquait en 2009 des douchebags qui recouvraient leurs gros bras musclés de vêtements Ed Hardy. Mais fuck, vapoter, ça sonne cheap. On n'a plus envie d'y être associé et les improvisés marchands de vapeur qui ouvrent boutique ici et là ne contribuent certainement pas à ce que la e-cigarette ait l'air moins cheap.

Peut-être aussi que les études visant à lever le voile sur les effets néfastes du vapotage ont pour l'instant refroidi les potentiels consommateurs, mais je continue de maintenir que la cause numéro un qui explique sa piètre réputation actuelle demeure l'attribution du triste terme «vapoter». 

Gros big up à celui ou celle qui est arrivé(e) avec cette idée en meeting et que se mordent donc les doigts tous ceux qui étaient présents et ont malgré tout donné leur GO pour aller de l'avant.

Je vous déteste.

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