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Le mot de la rédactrice: grève

Mercredi après-midi, le quorum de 30 000 étudiants fixé par le Comité Printemps 2015 pour entrer en «grève sociale» contre «l’austérité et les hydrocarbures» a été atteint. 21 associations étudiantes, réparties dans 6 cégeps ou université, ont obtenu des votes en faveur d’une grève de deux semaines débutant le 23 mars, selon La Presse. En point de presse ce matin, les représentants de diverses associations ont aussi annoncé « qu’une série de manifestations pour les semaines à venir », était à prévoir. Le premier rassemblement devrait avoir lieu le samedi 21 mars à 14h à la Place Émilie-Gamelin. La plupart des mandats de grève seront renouvelables aux 2 semaines. « 100 000 autres étudiants [provenant de d’autres associations] doivent voter prochainement à ce sujet ». Les votes se font à mains levées lors des assemblées générales organisées par les associations étudiantes.

Vote à mains levées vs. vote électronique

Au Cégep Édouard-Montpetit, un étudiant a lancé une pétition à la mi-février afin de convoquer une assemblée générale qui porterait sur le mode de scrutin électronique en cas de grève. Pour lui, ce mode de scrutin permettrait à un plus grand nombre d’étudiants de voter. « Si tu travailles le jour de l’Assemble Générale, ou si tu es en stage comme ceux en soins infirmiers, tu ne peux pas venir et tu perds ton vote. », explique Maxime Berthiaume, l’étudiant en sciences pures à l’origine de la pétition.
« Avec le vote électronique, on permet à tout le monde de voter et c’est sûr que le taux de participation sera plus élevé. Pour moi, c’est une démocratie plus juste ainsi. », explique-t-il. «Un système de votation à main levée n’a plus sa place en 2015. C’est long et il y a le facteur humain de risque. », ajoute-t-il. Maxime Berthiaume a recueilli les 128 signatures nécessaires afin de convoquer l’AG sur le sujet. Celle-ci a eu lieu le 4 mars dernier et a viré à l’affrontement. Aucune décision sur le sujet n’a donc pu être prise. Surprenant !

Alors que le mode de votation électronique était à l’ordre du jour, le vote ne s’est pas tenu! Selon ce que nous a appris le porte-parole de l’AGECEM, (Association Générale des Étudiants et étudiantes du Collège Édouard-Montpetit), Jean-Carlo Lapa-Raitano, des membres de l’assemblée qui se sont associés au bureau exécutif ont interféré à plusieurs reprises et ralenti grandement le processus. Retardements qui ont créé des tensions que la présidence aurait eu du mal à encadrer. Déficience? Mauvaise foi?

Il faut savoir que si le mode de scrutin électronique en cas de grève avait été approuvé, il aurait été applicable immédiatement, c'est-à-dire pour cette année. L’aspect technique n’est pas un enjeu ; le directeur des communications du Cégep est prêt à accommoder les étudiants en leur fournissant le matériel informatique fiable et sécuritaire. Sans pouvoir le confirmer, le porte-parole de l’AGECEM nous apprend que les membres perturbateurs seraient en défaveur du vote électronique. Opération réussie! Par manque de temps, à la demande d’un membre et autorisée par le président, l’assemblée a été levée passé 14h dans un contexte chaotique et d’exténuation générale.

Est-ce que le mode de vote par scrutin électronique changerait les résultats?

Ni du côté de l’AGECEM, ni du côté de Maxime Berthiaume, on ne répond. « Je ne sais pas, le Cégep est très divisé ». En ce qui le concerne, pour ou contre la grève n’est pas l’enjeu : « Ce sont deux dossiers séparés. Je veux demeurer un défenseur du mode de scrutin électronique au profit d’une plus grande démocratie. Je veux rester neutre dans le débat sur la grève. ». « Le bureau exécutif n’a pas statué s’il était pour ou contre la grève. », affirme Jean-Carlo Lapa-Raitano.

Depuis, un comité chargé d’étudier les pour et les contre du mode de vote par scrutin électronique a été formé.  3 étudiants pour, 3 contre et 2 neutres se pencheront sur la question. Le résultat de leur recherche sera présenté le 3 avril prochain et une assemblée générale sera convoquée. À la lumière de ce rapport, un débat aura lieu et les membres passeront au vote.

Situation étonnante

À l’ère des technologies et des communications,  il est surprenant de constater ce qui semble être une réticence au mode de scrutin électronique. Je suis aussi surprise de réaliser que des étudiants, assoiffés de démocratie et de changement, avides de savoir et d’avancement, semblent avoir un esprit aussi conservateur et si peu enclin au changement. Par définition même la démocratie s’opère en rejoignant le plus de participants, sinon le vote perd de sa valeur et de sa crédibilité. Un milieu comme le cégep et l’université me semble aussi un endroit parfaitement fécond pour tester de nouvelles façons de faire.

Si le renouveau ne vient pas des milieux étudiants, d’où viendra-t-il ?

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