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Victime de la porn: flasher ses fesses à temps partiel
Crédit: Fabienne Legault

Rêves-tu d’une job d’appoint que tu peux pratiquer sans sortir de chez vous et quand ça te tente? Oh, et tu peux même te branler en même temps si le coeur t'en dit. Trop beau pour être vrai? Sûrement, mais as-tu considéré une micro carrière de webcam girl ou webcam boy?

(J’aurais fait un très mauvais orienteur à l’école.)

Bon, je le dis en partant : je ne suis pas là pour te recommander ça. C’est juste un nouveau marché en explosion. Un peu comme tout sur le web, la porn se démocratise et devient à la portée de tous. On offre du tout nu à tout le monde qui est prêt à payer pour du tout nu.

Il faut dire que la webcam, c’est beaucoup moins compromettant qu’être danseuse, pornstar, escorte ou gigolo. Tout ce qu’il te faut, c’est une petite caméra (et quelques tattoos) et t’es en business. Les clients violents et/ou puants ne sont qu’à un clic de se faire flusher. Tu réduis aussi de beaucoup les risques d’ITS.

Mais bon, il ne suffit pas d’enlever son top devant sa webcam pour commencer à recevoir des chèques. Il faut d’abord se trouver une clientèle. Une clientèle payante. Le gros du défi est là. Ça aide d’être sexy, mais même si on ne s’en rend pas toujours compte, il y a des millions de personnes sexy sur la planète. Il faut donc trouver un moyen de se démarquer.

D’ailleurs, c’est ce qui m’a fait le plus rire au cours de mes très sérieuses recherches : ces fameuses façons de se démarquer. Ça montre à quel point le sexe est ridicule et qu’on s’excite souvent pour des trucs parfaitement absurdes.

Par exemple, il y a une gamer qui baisait en cowgirl un genre de mannequin en rubber. Et quand je dis « gamer », je veux dire qu’elle jouait vraiment à Grand Theft Auto sur sa Xbox pendant qu’elle bondissait sur son homme en caoutchouc. Elle bondissait vraiment haut et fort en tenant sa manette pis toute. Ça demande du talent.

Évidemment, à chaque « orgasme », on entendait les jetons rentrer comme au casino. Pour les néophytes, c’est comme ça qu’on paye les performeux dans le monde des webcams : les clients les tippent avec des jetons. La valeur des jetons varie et on la garde toujours assez secrète, mais ça représenterait autour de 5¢/jeton.

Quand la cowgirl à poil reçoit 200 jetons d’un coup, ç’a l’air énorme, mais c’est beau si ça fait 10$.
Il y a une autre fille dont le gros finisher était de se remplir la bouche de crème fouettée pour ensuite s’y enfoncer d’énormes dildos. Évidemment, il y a toujours pas mal de niaisage avant.

« Je vais le faire dès que j’atteins les 1000 jetons! Come on! »

Props pour la diction avec la bouche pleine.

La plus random, c’était cette femme-fontaine en leggings qui se frottait l’entrecuisse avec une polisseuse de char. T’sais les genres de grosses brosses douces qui tournent? Ça sonne bizarre, mais c’était adorable. Et elle avait l’air d’avoir du gros fun.

En tout cas, on est loin de la porn mainstream. C'est vraiment niché. Et il n’y a pas que des filles. Il y a aussi quelques gars. Beaucoup de gais. Beaucoup de trans. Beaucoup de couples. Beaucoup de tout! La compétition est forte et le piratage est intense. C’est la jungle!

Il y a même un site de socio financement qui s’appelle piggybankgirls.com que Cosmopolitan qualifie de « fair trade porn ». D'un côté, j’aime bien que la personne à poil reçoive la majorité du montant payé. (Ça fait changement de Spotify.) Mais ça reste un peu malaisant de voir toutes ces filles faire leur pitch pour qu’on leur commandite une paire de boules. Sans trop juger, t'as souvent envie de dire « T’aimerais pas mieux un peu de thérapie? C’est vraiment moins cher. »

Cela dit, je suis quand même jaloux. Avec mon corps plus moyen que vendeur, c’est tough de trouver du monde qui voudrait payer 8000$ pour me voir les nipples. (Mais si c’est le cas, écrivez-moi.)

Se foutre à poil pour quatre piasses, c’est plus gênant. Et le pire, c’est que les conséquences sont les mêmes. Que tu fasses ton show trois mois ou que tu prennes ta retraite dès le premier après-midi, ce n’est pas de savoir si ça va finir par se savoir, c’est de savoir quand. C’est seulement une question de temps.

Et si tu trouves ta nouvelle job plate et stressante, imagine d’y travailler avec des collègues ou des clients qui t’y parlent de tes fameuses vidéos cochonnes.

« Oh, mais je vous reconnais! C’est vous Noune Polish! »

D’ailleurs, chaque semaine, on entend parler d’une femme qui a perdu son emploi à cause d’un passé semi-érotisé. J’ai hâte qu’on en revienne de ce petit slut-shaming puritain. Peut-être que si tout le monde allait sur sa webcam en même temps pour se montrer sous tous ses angles, on arrêterait de capoter avec ça.

Ou peut-être pas. J’attends encore un peu avant de créer l’événement Facebook.