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Le Détesteur: pour en finir avec le sable dans le vagin

Je te croise de manière occasionnelle sur les médias sociaux et encore tu te plais à la balancer çà et là et il faudrait bien que tu cesses d'employer cette vieille réplique tirée d'un vieil épisode de South Park au doublage français qui jamais ne rendra justice à l'original. T'as du sable dans le vagin, que tu t'obstines à balancer à outrance. Tristement la seule réplique télévisuelle qui est arrivée à survivre au temps. La plus sale, la plus dégradante, la plus réductrice pour les femmes.

Il arrive que je te prenne à te moquer des gens qui emploient encore des catchphrases empruntées à How I Met Your Mother parce que tu les juges dépassées. Mais ton sable dans le vagin, lui, on ne doit pas lui toucher. Il semble faire exception malgré son âge, malgré qu'il fasse de toi un Cro-Magnon. Une permission spéciale que tu t'octroies, tant que tu peux conserver tes bonnes vieilles manies de laisser entendre aux femmes qu'elles sont folles, faibles, pas crédibles, hystériques et se fâchent pour un rien et aux hommes qu'ils sont pires que les femmes, comme si être une femme était une malédiction et qu'il valait mieux ne pas se voir comparer à elles.

C'est comme si le sexisme et la haine des femmes se voulaient intemporels. Je dis haine, parce que c'est ça. Tu ne les respectes pas les femmes quand tu t'acharnes à parler de sable dans le vagin.

Pis tsé quoi, tu ne l'utilises même pas de la bonne manière ton esti de réplique de marde. Initialement, avoir du sable dans le vagin (ou sa version non-misogyne: avoir du sable dans le cul) s'emploie dans la mesure où quelqu'un se montre facilement irrité par quelque chose de bénin, qui ne cause préjudice à personne, un truc purement subjectif qui vient déranger un confort de bourgeois qui n'a rien vu, rien vécu, rien entendu.

Par exemple: le mononcle qui porte plainte au CRTC après avoir entendu «Tabarnack!» à la télé simplement parce que LUI n'avait pas envie que ce juron sorte de son téléviseur ce jour-là. Même pas parce que «Tabarnack!» a le potentiel de nuire à qui que ce soit mais bien parce qu'il considère que l'univers du divertissement devrait s'adapter à lui et cesser dans l'immédiat de dire des choses qu'il ne veut pas entendre sans même qu'il puisse expliquer pourquoi. C'est comme ça, le monde tourne autour de lui et c'est tout.

Tandis que si je m'indigne des nombreuses blagues sexistes sorties de la bouche de Peter MacLeod sur les ondes de CKOI alors que je m'adonne à faire mon épicerie, ce n'est pas que l'humour trash me dérange, ce n'est pas du tout que mes pauvres oreilles sensibles ne peuvent supporter qu'on leur fasse entendre d'épouvantables choses. Ce n'est pas à propos de moi, pas à propos de mon confort. Pas même à propos du moment présent, j'veux dire, je paie et je sors et je n'entends plus parler de MacLeod pour un autre 6 mois.

C'est que, même si tu sembles être resté coincé plusieurs années en arrière, les mentalités, elles, n'ont jamais cessé d'évoluer. Et il est fort probable qu'en évoluant on se soit rendu compte qu'on ne devrait plus tolérer le sexisme, par exemple, tout comme l'homophobie, le racisme et la xénophobie. Je ne sais pas si tu l'as remarqué mais tous les éléments mentionnés ont en commun d'être nocifs pour le bien-être des gens qui en sont victimes.

Et bon, il y a des personnes, comme moi, qui en ont pris conscience et qui aimeraient bien que la vie soit un peu plus nice pour ces humains qui se voient constamment diminuer en fonction de leur sexe, nationalité, couleur, orientation sexuelle ou religion. 

Alors quand il y a des personnalités publiques qui se servent de la tribune qu'on leur accorde pour se laver les mains de ces notions en contribuant malgré tout à alimenter de vieux crisse de préjugés rétrogrades, il va de soi qu'on trouve nécessaire d'intervenir parce que non seulement on pense au confort des autres mais on pense aussi à demain. 

Mais toi, tu nous parles de sable dans le vagin comme si on devenait rouges de colère à chaque fois que quelqu'un prononce un mot interdit, comme s'il n'y avait aucune cause derrière l'indignation et rien d'autre que des tympans vierges qu'on ne doit pas offenser. 

Tu ne dis pas de ton ami qu'il a du sable dans le cul quand il se plaint d'une facture salée d'Hydro-Québec. Tu comprends facilement que sa plainte est légitime. Et pourtant, quand on vise à faire entendre qu'il faut proscrire le sexisme de nos normes de société, là, tu te montres totalement inapte à comprendre de quoi il est question et il devient alors pas mal plus simple pour toi de parler de sable dans le vagin à toutes les fois qu'il t'est impossible d'assimiler d'aussi «complexes notions».

Ravise-toi. On n'est pas fâchés, man. C'est toi qui s'amuses à le penser. On ne fait que dénoncer l'intolérance et l'ignorance quand elles se manifestent. 

Pense un peu à ta réaction quand t'entends le mot «nègre». Est-ce que ça te choque vraiment de l'entendre? Probablement pas, c'est juste un mot que tu te dis. Maintenant, que penses-tu de celui qui l'a prononcé? Que c'est un tabarnack de crétin qui aurait avantage à vivre à la même époque que nous, right?

Bin c'est ça. Même affaire pour le sexisme et compagnie. 

Arrête de dire ça, sable dans le vagin. C'est juste misogyne et rétrograde. 

Je te déteste.