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Le Red Tiger: un délicieux pub vietnamien & contemporain
Crédit: Christine Plante

Je fais partie de ces personnes chanceuses qui ont eu le bonheur de visiter le Viêt Nam.
 
Dans mon cas, j’y suis restée un peu plus d’un mois, à parcourir du nord au sud, des montagnes à la mer, ce magnifique pays qui se découvre d’abord avec la bouche.


Culinairement parlant, c’est l’une des nations les plus riches du monde. Et comme toutes les grandes gastronomies, la cuisine vietnamienne repose sur quelques principes simples qui permettent de conjuguer les saveurs à l’infini. Des plats tout en contraste, alliant la chaleur des bouillons, des sauces, des épices et des fritures, la fraîcheur des oignons verts, des herbes, des laitues et des pousses de soja, les couleurs, le rouge des crevettes et du piment, le vert des feuilles de basilic, le blanc des vermicelles de riz. Et puis il y a la fameuse sauce de poisson fermenté, le Nuoc-Mam, qui donne une saveur au pays tout entier, et qui là-bas, parfume même l’air ambiant tant il est omniprésent.

C’est une cuisine qui peine à voyager avec autant de verve que ses cousines japonaises, thaïlandaises ou chinoises. À Montréal, peu d’établissements nous permettent de découvrir la cuisine vietnamienne contemporaine, comme on la sert dans les brasseries branchées de Hanoï, dans le Vieux-Port de Hội An ou encore sur les terrasses de Saigon. Il y a bien quelques exceptions, mais règle générale, on peine à nous proposer autre chose que le combo M4-poulet « avec soupe ou rouleau ? » ou encore la sempiternelle soupe Phở.

Vous l’aurez deviné, je vous emmène aujourd’hui à l’une de ces adresses, trop peu nombreuses, qui a l’audace de nous proposer une cuisine vietnamienne plus actuelle. Campé au coin des rues Montcalm et Maisonneuve, Le Red Tiger a ouvert ses portes en mode soft opening il y a un peu moins d’un mois.

"The more the merrier !"

J’y ai dégusté de petites merveilles.
 
Des plats qu’on a l’impression de connaître, mais qui surprennent par des petits détails bien pensés.


La soupe du moment – elles se succèdent à chaque semaine – était lors de mon passage bien relevée, juste assez salée pour donner un peu soif, avec des notes de citronnelle et des feuilles de coriandre pour agrémenter chaque bouchée.


La bia hơi a vivement brillé par son absence! Cette bière frraîche, si classique aux rues du Viet-Nâm, servie à même le baril sur les terrasses improvisées et pour à peine quelques sous, qui goûte bon la céréale, aurait été un match parfait. Venant d'un "pub" vietnamien qui, en plus, a pris soin d'installer de jolis petits cobras pour pomper les bières pression, j'aurais aimé une proposition plus inusitée que de la Laurentide, ce qu'on sert ici sous le nom de bière maison… "C'est la seule bière qu'on peut vendre en changeant le nom…" Bof, pas convaincue. Il y a des centaines de (micro)brasseurs au Québec qui pourraient fournir des nectars d'autant plus excitants, originaux et recherchés pour accompagner les délices de l'endroit… Pourquoi pas même une édition limitée? Je m'emporte! Pardonnez-moi, c'est mon désir inassouvi de boire de la bonne bia hơi à Montréal! Si mon appétit est ravi, je reste sur ma soif. 

Ceci dit, je vous conseille de vous intéresser à la carte des cocktails, qui par ailleurs semble très prometteuse.


Le rouleau de printemps – mon coup de cœur – est formidable! Il est servi fourré de savoureux petits pains aux crevettes et d’éclats de pâte de rouleaux impériaux frite, de belles petites surprises au sein d'un gabarit de saveurs plus connu et réconfortant, l'ensemble ravit mes papilles émoustillées. Et c'est ENFIN le choix parfait, plus besoin de vous torturer entre la fraîcheur des rouleaux de printemps et le croquant des rouleaux impériaux! Merveilleux. 


Le banh-mi, lui aussi un poids lourd de la street food viet, malheureusement a trop de concurrents intéressants à Montréal pour véritablement se démarquer. Loin d'être un flop, on s'entend, mais quand on s'attaque aux légendes de la gastronomie, il faut s'attendre à des adversaires plus féroces. Les plus savoureux que j’ai goûtés aux quatre coins de la ville avaient la mie plus légère, la croûte plus craquante, et des saveurs plus marquées : plus sucrées, plus piquantes, plus acidulées… À pimper.


Pour finir, laissez-vous séduire par ce délicieux dessert de tapioca chaud, délicieux, avec ses morceaux de babanes chaudes, ses arachides et ses saveurs de lait de coco presque fumé. Vous ne le regretterez pas. 

En conclusion, bien qu'il y ait quelques petits bémols, j'ai très hâte de retourner à cette adresse. L'équipe est charmante et authentique. Le concept est audacieux et se démarque clairement de l'océan de restaurants traditionnels qui donnent à tout coup l'impression de déjà-vu, et même des isakayas, l'homologue japonais de la brasserie vietnamienne, qui ces derniers temps se multiplient à une rythme exponentiel. 

J'y prédis de belles soirées bien arrosées, bien bondées, et ce sera bien mérité. 

Một! Hai! Ba! Dôôôôô!

*Santé !


Le Red Tiger
1201, rue Maisonneuve Est
(514) 439-7006

photos Christine Plante

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