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Le Détesteur: en crisse contre le marketing de l’été

Je suis de ces grands dépressifs en saison hivernale qui étouffent, cherchent à quitter leurs peaux et à qui vient à l'esprit l'idée que mourir là, là, au beau milieu de février, ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Pire encore quand mars prend des allures de février et qu'avril se prend pour mars. 

Nos trois derniers hivers en ont été très rigoureux, impitoyables et surtout sans fin. Alors qu'on disait de l'hiver 2015 que jamais il ne pourrait égaler celui, meurtrier, de 2014: finalement, oui. C'était la mort. Le pire de tous. De longues heures à fixer le vide, à sortir le téléphone de la poche pour vérifier si la seconde d'après nous rapprocherait tranquillement des premières températures à demeurer au-dessus du point de congélation. 

Cette journée de canicule que nous connaissons aujourd'hui, j'y ai pensé pendant des mois. Je l'ai lue à travers des poèmes qui traitaient d'été. Il fallait cette fois, pour compenser, qu'une fois le mois de mai entamé, la saison estivale dure une éternité, mais c'est pas évident comme le marketing de l'été n'est jamais de notre bord. 

Paradoxalement, l'hiver, la pire saison, on le célèbre tout le temps et jusqu'à son dernier tabarnack de flocon. L'hiver ne meurt jamais; on se réveille un matin et le printemps s'est installé sans prévenir. Son marketing assure une meilleure longévité et fait en sorte que chacune de ses journées est comblée d'hiver, chaque jour respire l'hiver, chaque affiche publicitaire, chaque événement. Tandis que l'été, on évoque déjà sa fin dès les dernières semaines de juillet. Comme si on ne retenait jamais la leçon que l'hiver nous sert chaque nouvelle année. Pourtant il reste encore août et septembre, but nope: partout on nous propose des playlists de fin d'été, des vêtements d'automne et s'ajoute à ça, indeed, la grande mascarade de la rentrée. 

Toutes les activités auxquelles on s'adonne en août nous sont vendues comme des moments de dernières minutes qu'on s'empresse de partager de toute urgence avec des amis avant qu'il ne soit trop tard, histoire de profiter «des derniers instants de l'été». L'ambiance estivale, quant à elle, repart dès que l'équipe du Festival Juste Pour Rire déplogue son dernier câble au Quartier des spectacles, alors que les Francofolies n'ont même plus lieu durant l'été, un peu avant la Fête Nationale, qui elle donne le coup d'envoi au Jazz Fest. Après? Rien. Seulement le décompte vers l'hiver qui — tout bonnement — vient d'être amorcé avec beaucoup trop d'enthousiasme pour des gens qui n'en peuvent plus des hivers qui ne tirent jamais à leurs fins.

Il nous faut être vigilants tellement tout se déroule rapidement et dans un si court espace de temps. Un clignement des yeux et l'hiver revient hanter nos pensées tant personne ne peut s'empêcher de fermer sa gueule avec la fin de l'été en plein mois de juillet. Pourtant l'air clim ne fournit plus dans mon appart, mais il ne me donne l'impression que de jouer à faire semblant que c'est encore l'été. Une journée d'exception: il ne devrait plus faire humide, l'automne c'est après-demain. On m'a convaincu, le mood n'est plus, l'angoisse se manifeste de nouveau, l'été est gone jusqu'à l'année prochaine et j'en suis déjà nostalgique même si présentement il fait 39°C à l'ombre. Merci les crétins, j'aurais cette fois préféré ne pas y penser hâtivement et vivre pleinement l'été dans un mood qui lui est propre au moins jusqu'au 23 septembre, mais too late, vous pis votre marketing d'été avez encore tué l'été. J'espère que vous apprécierez l'hiver autant que moi.

L'été dure un mois. 

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