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Le trio Muséum lance un premier album contemplatif
Crédit: Fraid

Quand nous avons appris que les frères Coutu-Dumont travaillaient ensemble sur le même projet musical, avec Frédéric Aubourg (allias Oleg Poliakov), et que ce projet allait proposer de la musique ambiante inspirée par les arbres, il est soudainement devenu difficile de dissimuler notre excitation. Les productions de Guillaume & the Coutu-Dumonts n’ont plus vraiment besoin de présentation, et il fait partie d’une génération d’artistes montréalais maintenant basés à Berlin, qui font rayonner internationalement notre réputation de gens de bon goût. Little Dead Things de Muséum, c’est de la musique ambiante d’inspiration forestière, le genre de disque qu’on écoute idéalement avec de très bons écouteurs. Nous nous sommes entretenus avec Gabriel et Guillaume pour souligner la sortie de cet album qui représente l’aboutissement de deux ans de travail.
 
Gabriel, tu es surtout connu en tant que photographe. Est-ce que c’est ton premier projet musical?
Je collabore très souvent avec des musiciens, que ce soit en tant qu’artiste visuel, où je réalise des pochettes de disques, ou en tant que réalisateur pour du vidéoclip. J’ai aussi une compagnie de design vidéo avec laquelle nous faisons du contenu et de la scénographie vidéo pour l’industrie musicale à l’international. Mon travail est souvent un « complément » à la musique, et faire des images sur du son est un processus que je connais bien. D’ailleurs, Frédéric aussi a une vie professionnelle de réalisateur qui l’amène à travailler son et image.

Cet album, c’est la première fois où je participe directement à la musique, et j’adore! La perte de la majorité de mes repères durant la création aura été excitante, mais c’est surtout la transposition du langage qui m’intéresse. Comment la connaissance d’un médium permet d’en aborder un autre? J’ai aussi hâte de boucler la boucle; c’est-à-dire de faire des images qui iront éventuellement avec cette musique, me servir de nos propres créations pour inspirer des éléments visuels.
 
Parlons botanique; les arbres étant l’inspiration pour l’album, avez-vous un genre ou une famille d’arbres qui vous fascine davantage?
Adam Marshall, le directeur du label New Kanada, sur lequel nous sortons le disque, a pour habitude d’écrire des info sheets de façon assez imagée. Dans bien des cas, c’est pour parler de musique abstraite, et les mots suffisent rarement. Même si le nom du projet, Muséum, avec un « é » comme dans Muséum National d’Histoire Naturelle, pourrait avoir une connotation lointaine avec le Jardin Des Plantes – les deux bâtiments sont voisins à Paris – notre amour de la botanique n’était pas un moteur direct de création.
 
Je crois que nous avons plutôt utilisé l’idée du voyage pour construire l’album. Le voyage peut être physique, intérieur ou temporel. Nous avons imaginé un trajet à travers l’Amérique du Nord, et que tout au long de ce voyage on s’était envoyé des cartes postales. De toutes les cartes, nous en avons gardé une dizaine, et ce sont les morceaux qui se retrouvent sur l’album.

Guillaume, tu produis habituellement de la musique très rythmée – est-ce un processus différent quand on s'attaque à des oeuvres très peu percussives?
Non, je ne crois pas. Chacun des genres possède son langage, ses références et son cadre propre. Pour moi, composer un morceau est comme essayer de résoudre un puzzle. Il faut arriver à unir ce qu’on veut dire avec le moyen, avec l’état dans lequel on est, etc. Au final, pour moi, ça reste un travail très intuitif.

Par ailleurs, je n’ai jamais vraiment arrêté de composer d’autre genre de musique que celui pour lequel j’ai été plus reconnu dans les dernières années. Je ne serais jamais capable de me contenter d’un style sans m’ennuyer à toujours essayer de reproduire la même chose.
 
Est-ce que Muséum est un projet qui est là pour rester?
On verra. Nous avons débuté ce projet chacun de notre côté, sans savoir ce que ça donnerait, il y a cinq ou six ans. Ça nous a donc pris tout ce temps pour le définir et le réaliser. Il va enfin voir le jour dans moins d’une semaine et une fois qu’il sera dans l’univers, qui sait ce que l’avenir lui réservera.
 
Qu’est-ce que l’auditeur devrait retenir de son écoute?
Nous vivons à l’ère des playlists et de la démocratisation du DJing. D’une certaine façon, l’industrie oriente le consommateur vers l’achat de morceaux séparés. Little Dead Things devrait en fait n’être qu’un seul morceau, il est beaucoup plus près de l’album concept que de l’album “best of”. Il faut trouver les liens qui permettent d’écouter cet album d’un coup, dans l’ordre. Comme avant, tsé…
 
Little Dead Things sera disponible dès le 7 décembre via l’étiquette New Kanada