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La fois où pendant 1 an j’ai pas réussi à avoir le titre de blonde
Crédit: Johana Laurençon

 
 
Je t’avais écrit une lettre.
 
Une belle lettre que je travaillais depuis des semaines pour te dire tous les mots qui ne trouvaient pas leur place dans ma bouche. J’ai hachuré et rajouté, pesant le poids de chacune des syllabes pour m’assurer que ce que mon petit cœur criait était étendu sur du papier, à la vue de tout le monde.
 
Mais cette lettre-là, juste et posée, j’ai pas eu la chance de te la donner. Après une soirée trop arrosée, tu m’as dit un compliment et juste ça, c’était assez pour starter la diarrhée verbale que j’avais pas le courage de te dévoiler à jeun. Calice.
 
Après un an de t’avoir eu dans mon quotidien, à me mouler un spot dans le creux de ton cou à la shape de mon côté de face, à te regarder, amoureusement, en train de cuisiner de la bouffe pas mangeable, j’en ai eu assez. Pas de toi ni de ton cou, et pas même de ta bouffe pas mangeable que je remangerais 4 fois s’il le fallait, non, j’en ai eu assez de ne pas avoir mon title. À cause de toi, j’ai eu droit à une chimie parfaite, à des conversations parfaites, à du sexe parfait, mais pas au girlfriend, ce qui fait qu’après douze mois à faire comme si, j’ai aussi eu droit à un break-up parfait.
 
Je sais même pas si j’ai le luxe d'appeler ça une rupture étant donné que j’étais pas ta vraie plus one. C’était plus un long fucking bye-bye, comme on en voit à l’aéroport, sauf que nous c’est à l’horizontale que ça s’est passé.
 
Que tu ne veuilles pas de copine officielle, écoute, ça se peut. Y’a des tonnes de personnes qui passent cette phase-là, qui sont damaged. Même moi j’étais elle, avant. Avant toi. J’avais de beaux projets d’aller planter un peu de mon ADN dans les Europes. Des projets dont je te parlais même, surtout pour m’assurer que tu comprennes à quel point tu serais temporaire. Mais toi, calvaire, t’es arrivé avec ta tignasse et tes bras, pis au lieu de dormir au Portugal, ben j’avais le Portugal dans mon lit. Le problème c’est que fast forward 6 semaines, et on se voyait déjà trop pour être casual, mais pas assez friend-zoné pour qu’on soit juste amis. Ça fait que moi, han, j'additionne 1+1 pis ça égal que je veux être invité chez vous à Noël.
 
Un an, presque jour pour jour, de cette complicité-là, de rencontrer ta famille et tes 8 gangs d’amis, pis de me faire frencher devant la terre entière; call me crazy mais moi je dis qu’y’a un peu de love là-dedans.
 
Eh ben non. Y’en avait pas.
Anyway, pour toi y’en avait pas. Ou t’étais encore trop damaged pour t’en rendre compte.
 
Au lendemain matin de mes larmes qui ressemblaient pas mal à un ultimatum de marde, avec toi à me serrer vraiment fort, le regard lointain, plus loin que la Gaspésie, je me suis vue essayer de me rappeler tous les détails, sachant vraiment trop bien que c’était la dernière fois que je les voyais. Le désastre que représentait d’oublier était insupportable; ton cou qui était maintenant sur mesure pour moi, ton cœur qui résonnait dans mon dos quand j’étais en-cuillièrée dans tes bras, l’odeur que tu laissais sur mes oreillers en partant… C’est ça qui fait le plus mal.

Je sais que ce que j’avais avec toi était parfait. Je sais que tu le sais. Je sais aussi que tu t’en veux parce que t’étais pas prêt. J’aimerais juste que tu te rendes au fil d’arrivée avant que je parte marier un Irlandais un peu moins parfait.

-Anonyme