Au cœur du quartier des écuries urbaines, un ancien garage a été totalement réaménagé pour devenir un magnifique restaurant dont le concept plaira tout autant aux foodies qu’aux oiseaux de nuit. Le Perles (en lien sans doute avec les perles que l’on retrouve dans les huîtres) et Paddock (enclos des chevaux avant une course) a été pensé par Maxime Perrault (ex Abreuvoir) et Jessica Goulet comme un lieu hybride permettant à ceux qui veulent se restaurer – seuls, à deux ou en groupe – ou tout simplement prendre un bon verre de trouver chaussure à leur pied.
De l’extérieur, la bâtisse toute de blanc vêtue et ouverte à sa droite sur l’extérieur en saison nous réserve une sacrée surprise lorsqu’on y rentre. Quel superbe design! L’espace, baigné de lumière grâce à une grande ouverture vitrée en guise de toit, nous permet d’admirer un grand espace ouvert de 80 places assises, conçu en longueur et astucieusement divisé en plusieurs zones selon l’expérience que l’on veut vivre sur place. Dominée par le blanc, le bois clair et des touches de verdure, la partie avant du restaurant est constituée de tables rondes et carrées, d’un long comptoir et d’un grand bar bordé de chaises hautes. En arrière, dans une serre vitrée, se trouve une salle plus intime, tapissée d’un côté et mariant merveilleusement anciens et nouveaux éléments de décor. Wow! C’est chic, aéré et vraiment accueillant.
La soirée commence donc sur une très bonne note, que complète immédiatement la qualité du service, impeccable et renseigné, ainsi que celle des menus que l’on me remet. Effectivement, la carte des vins, sans être très longue, est très bien montée, et celle des cocktails vaut à elle seule une lecture, car elle a été soigneusement réfléchie et déborde de propositions audacieuses intégrant des éléments intrigants comme du foie gras, du von de tomates et de la salicorne. Curieuse, je choisis avec mon accompagnatrice du jour de goûter au Météoro, un mix équilibré de rhum, de figues, de thé fumé et de lime, ainsi qu’au Curandero Daisy, un cocktail duotone intégrant de la betterave et du sel au thé de matcha que je recommande pour des palais un peu plus expérimentés.
Tout en me régalant d’une petite mise en bouche – de merveilleux pétoncles juste saisis coiffés d’œufs d’esturgeon et de quelques aromates – je découvre le menu conçu par Selven Mooneesawmy (ex Librairie Olivieri) et son bras droit Laurent Bouchard (ex Fantôme), deux jeunes chefs qui travaillent vraiment très bien. Constituée d’une quinzaine de choix allant de l’assiette de fromages à partager à de grosses entrées, la carte, qui mise beaucoup sur les poissons, mollusques et légumes associés à des ingrédients recherchés, est très invitante. Difficile de trancher, alors nous optons pour débuter pour la prise du jour, de l’omble chevalier préparé sous forme de gravlax marié avec des chips de tarot, des œufs d’esturgeon et des touches de condiments. Une petite œuvre d’art vivante qui excite nos papilles entre le gras et le fondant du poisson, le croquant des chips et l’acidité des condiments. Très bien!
Suivent dans une coquille élégante des pétoncles et bourgots accompagnés de poireaux brûlés et de pommes duchesse réinventées sous forme plus liquide. Une petite assiette parfaitement balancée, aux cuissons et aux assaisonnements précis. Délicieux.
Mais nous sommes encore loin de nous douter que ce qui va suivre nous précipitera au septième ciel. Effectivement, qu’y a-t-il de plus commun que du poulet frit, même bio? Attention, toutefois. Celui-ci, dont la panure est réalisée avec du babeurre au fromage Rassembleu, est vraiment, mais vraiment unique en son genre. Complété avec de la sucrine (petite salade sucrée) grillée et de la poudre de laitue de mer, c’est un pur morceau de bonheur en bouche.
Au comble de l’excitation, je plonge ensuite ma fourchette dans l’assiette de cavatellis au ricotta, préparés fraîchement à la main tous les jours. Et là, OMG, je perds pied! Je crois n’en avoir jamais mangé d’aussi délicats, aériens, fondants, sublimés par le petit bouillon tomaté dans lequel ils baignent. Le divin n’est pas loin, et c’est presque avec regret, après avoir quand même demandé du pain pour saucer le fond de l’assiette, que je la vois partir vide.
Après un aussi solide repas, peut-on trouver une petite place pour l’un des desserts maison aussi prometteurs que le reste du menu? Eh bien oui, nous optons pour une finale bien sucrée avec des churros croustillants dehors et bien fondants dedans, sur lesquels nous versons du caramel salé. Nous n’avons plus du tout envie de partir, ou plutôt déjà la furieuse envie de revenir pour goûter à tout ce que nous n’avons pas encore pu tester sur la carte, qui changera d’ailleurs au mois et réservera bien d’autres surprises. Au nombre de clients présents autour de nous – le resto est plein comme un œuf, même à 11 heures du soir – nous savons que nous avons affaire ici à une très bonne table, logée dans un magnifique écrin. Je vous la recommande donc les yeux fermés et serai ravie de vous y croiser, car je compte bien y revenir. Un vrai coup de cœur!
Perles et Paddock
403, rue des Seigneurs, Montréal
514 931-0004