« Rosie » comme diminutif de Rosemont-Petite-Patrie. C’est avec ce clin d’œil au quartier que Jérémy Daniel-Six et Sophie Duchastel de Montrouge, les anciens propriétaires du micro-resto La Famille et de l’adulé Ma’tine, ont décidé de baptiser leur nouveau projet, attendu de pied ferme par les foodies montréalais. Leur vision? Un resto de quartier simple et coquet, se concentrant cette fois-ci sur les soirs de semaine et l’incontournable brunch du samedi.
La simplicité est effectivement au rendez-vous avant même que l’on rentre dans ce sympathique resto. On hésite un peu devant la façade, encore surmontée par une grosse enseigne de Tornade la patate, mais les choses sont bien plus claires dès que l’on passe le pas de porte. L’endroit, qui compte une trentaine de places assises le long du bar et en salle, est divisé simplement : une cuisine à aire ouverte sur la droite bordée par un long comptoir, de petites tables nappées de noir et une grande table familiale en bois à gauche. La décoration est elle aussi minimale, avec quelques étagères en bois, des plantes et des livres.
Crédit photo Celina.ic
On ne vient donc pas au Rosie pour admirer son décor, mais plutôt pour la qualité de son menu, de ses vins et de son service, attentionné dès mon arrivée sur place. Le programme de la soirée est affiché sur de grands tableaux qui surplombent la cuisine. La formule ici, consiste à opter pour 2, 3 ou 4 services à prix fixes. On se souvient d’ailleurs de la petite polémique que le Rosie a déclenchée lors de son ouverture, en proposant des plats dont le prix intégrerait le coût du service, afin de payer aussi décemment les employés de la cuisine que ceux de la salle. Une initiative selon moi excellente, car même si les formules à 30, 40 ou 50 dollars peuvent effrayer certains clients au départ, ils s’y retrouvent lorsqu’il est temps de régler l’addition.
Mais revenons au menu, qui est vraiment le centre d’intérêt et change chaque semaine pour suivre les arrivages. Réparti en quatre sections, les entrées froides (3), les entrées chaudes (2), les plats (3) et les desserts (3), on y retrouve toute la créativité qui a fait connaître le chef Jérémy Daniel-Six. Lors de ma visite, les légumes, poissons, fruits de mer, mollusques (escargots) et même du loup marin, une viande tendre et maigre au goût unique à découvrir, étaient à l’honneur. On peut, selon le nombre de services choisi, prendre un traditionnel entrée-plat-dessert, ou bien jouer à travers les propositions.
J’opte ce soir pour deux plats et un dessert. Le temps de goûter avec la charmante sommelière le vin nature au verre qu’elle m’a conseillé – la carte des vins du Rosie est vraiment intéressante et jouit d’un très bon rapport qualité-prix – le premier plat arrive sur la table. Il s’agit d’un spaghetti aux crevettes, Savora (un condiment français), radis et coriandre. Le dressage et la générosité de l’assiette ne sont pas exceptionnels, mais les ingrédients qui la composent et sa préparation compensent largement ces lacunes. Les pâtes sont al dente, les grosses crevettes parfaitement cuites, les radis et la coriandre apportent de la fraîcheur, et le bouillon à base de Savora est tout simplement délicieux. Pour le saucer jusqu’à la dernière goutte, je n’hésite pas à demander, moyennant un petit extra de 3$, une portion de pain qui provient de la boulangerie Automne. Ça commence bien.
Suit le second plat, cette fois-ci une grosse tranche de boudin reposant sur des racines de persil croquantes et une fine compote de pommes Honey Crisp. De petits bâtonnets de pommes et un peu de verdure dominent cette composition automnale à la fois élégante, travaillée et réconfortante. Les éléments s’associent parfaitement, on les a préparés et assaisonnés juste comme il faut. Le boudin aurait peut-être gagné un brin de saveur si on l’avait fait poêler pour qu’il soit un peu plus croustillant, mais c’est un avis personnel.
Pour terminer en beauté ce bon repas, je me laisse séduire par un dessert. Il arrive sous la forme d’une ganache au chocolat bien ferme, accompagnée d’arachides, de crumble, de clémentines, d’un filet de sirop d’érable et d’une petite mousse au chocolat. La magie de Noël est-elle déjà au rendez-vous? Sans doute, parce que ce dessert est absolument divin. Saveur, textures, fraîcheur… tout y est. Quel délice!
Rosie constitue donc un excellent ajout au quartier Rosemont Petite-Patrie, qui ne dispose pas de nombreuses bonnes tables, et vaut le déplacement si vous habitez un peu plus loin. Petit conseil : prenez la peine de réserver avant votre venue, car le resto est petit et se remplit vite. Bon appétit!
Bistro Rosie
1498, rue Bélanger, Montréal
(514) 303.2010