Avec le recul, on se rend vite compte que la dépendance à la pornographie est un problème de société relativement récent. La disponibilité constante du médium y est pour quelque chose, sans doute, et des célébrités aussi proéminentes que Terry Crews ont confessé avoir souffert de ce mal étrange et surréaliste, mais bien réel.
Nous ne saurons jamais s’il est amateur de MC Solaar et s’il s’agit d’un homage à la chanson «Victime de la mode», mais toujours est-il que l’auteur Eric Chandonnet faisait figure de précurseur – ou de prophète? – en intitulant sa chronique sexe «Victime de la porn». Un nom accrocheur, qui va droit au but, et qui ne laisse aucun doute – on aura principalement droit à la perspective, dans ces pages virtuelles, d’un homme qui voit parfois la vie à travers les lunettes caricaturales et altérantes de la pornophilie.
La première chronique a été publiée sur le site de NIGHTLIFE.CA en avril 2010, alors que le site venait d’être revampé et que la direction éditoriale connaissait un vent de renouveau. Entre ce moment et sa dernière chronique, en août 2016, il a écrit 338 textes, respectant la plupart du temps le mandat «sexuel» requis, mais amenant bien souvent ses sujets dans des dimensions insoupçonnées, imaginatives et fantaisistes.
Comment garder le cap et éviter de se répéter? Avec une bonne dose d’humour et d’autodérision, Chandonnet s’est intéressé à une multitude de sujets : les jouets sexuels, le cunnilingus, les femmes-fontaine, les olympiques du sexe, le CV sexuel, l’amour, les relations, la téléportation, se branler avant une date, les complexes, la dysfonction érectile, et j’en passe… Il a même célébré sa 100e chronique aux danseuses, ne se doutant probablement pas qu’il en écrirait encore 238 par la suite.
Malgré une vision des relations hommes-femmes parfois assez éloignée de la rectitude politique, qui transparaît dans quelques textes, et qui est malheureusement en phase avec le nom de sa chronique, Chandonnet soulevait souvent des enjeux qui sont devenus assez actuels avec le temps. Sans tabous, ses textes abordaient le slut-shaming avant que le sujet ne soit universel, et dans ses dernières chroniques, il n’avait pas peur d’explorer publiquement son célibat prolongé, et les questionnements inévitables que ça implique.
Deux ans après avoir mis la touche finale à ce qu’il convient d’appeler une odyssée – et probablement la chronique ayant été publiée le plus longtemps chez Nightlife – l’auteur a rassemblé dans un recueil ses 111 chroniques favorites, élaboré un lexique pas piqué des vers pour les lecteurs peu familiers avec le «parler québécois», et réécrit et revampé certains textes.
Le lancement vous proposera des lectures de quelques micro-célébrités locales (dont Audrey PM, Nicolas Forget et l’auteur de ces lignes), et l’occasion de vous procurer une copie du recueil, qui recèle son lot de perles. Venir jaser de pornographie et d’un moment charnière dans l’histoire du magazine Nightlife : y’a pire, comme plan, pour un mercredi soir.
Lancement Victime de la porn au Bar Le Vestiaire
3 octobre
6634, St-Hubert
Dès 18h
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