Ce bar montréalais prend les grands moyens pour contrer le harcèlement et les agressions

Dans les derniers jours, l’atmosphère est plutôt tendue alors qu’une vague de dénonciation de harcèlement et d’abus sexuels, physiques et mentaux envahit les réseaux sociaux. Wake up call dont plusieurs avaient besoin, le récent mouvement aux allures du #MeToo remet en question (pour ne pas dire réprimande) non seulement le comportement des individus concernés, mais aussi l’implication des employeurs lors de situations pareilles.

Alors qu’une bonne partie de ces incidents ont eu lieu dans des bars et des salons de tatouage, plusieurs demandent aux institutions de se responsabiliser, de mettre à pied les agresseurs et de revoir leurs valeurs afin de corriger leurs erreurs et d’offrir, à l’avenir, un environnement sain et sécuritaire pour tous.

Ouvrant la marche à cette réforme volontaire, le bar à spectacles l’Escogriffe publiait hier sa nouvelle vision quant aux futures soirées, tant pour les clients que pour les employés:

« […] Suite aux allégations d’inconduites sexuelles ayant eu lieu dans plusieurs établissements montréalais, l’Esco souhaite réitérer son soutien à toutes les victimes d’actes répréhensibles ; violences sexuelles, abus physiques, psychologiques, actes à caractère raciste, etc.

Nous vous croyons. Nous prenons fait et cause et nous tenons à vous présenter nos plus sincères excuses si des événements de ce genre sont survenus dans notre établissement par le passé.

Dès maintenant, des mesures concrètes seront mises en place pour assurer la sécurité de tous et toutes au sein de notre établissement.

1. Notre personnel recevra une formation pour les outiller à réagir adéquatement en cas de situation problématique survenant au bar, afin de protéger les victimes de leurs agresseurs, et pour les sensibiliser à tout comportement répréhensible (afin qu’ils n’en commettent pas eux-mêmes).

2. Nous allons réinstaurer le système d’urgence des “angel shots” (mais avec un autre mot-code qui est publié dans les toilettes des femmes sur des affichettes). Ce système bien connu est simple et efficace. Si vous vous sentez en situation de danger ou d’inconfort (et ce, même avec un membre du personnel), commandez un “angel shot” au barman ou à la barmaid qui est présent.e et celui-ci/celle-ci vous portera assistance. Si votre enjeu est lié à un membre du personnel, vous pourrez vous adresser à un autre membre du personnel qui se fera un devoir d’agir de manière adéquate envers vous, en priorisant votre sécurité. Nous vous rappelons que notre personnel recevra une formation dans laquelle seront évoqués plusieurs différents scénarios, dont celui de se retrouver face à une telle situation.

3. Nous ferons preuve d’écoute envers les victimes qui souhaitent nous contacter pour nous faire part d’événements passés qui se seraient produits au bar et nous serons proactifs pour corriger la situation (mise à pied de tout membre du personnel accusé/bannissement de tout client ou cliente accusé.e de mauvais agissements)
Aucun.e client.e n’est trop “VIP” ou trop “habitué.e” du bar pour empêcher que nous le/la bannissions s’il/elle pose ou a posé des gestes inapropriés à l’égard d’une victime.

Nous sommes de tout cœur avec vous. Nous vous croyons. Nous lisons vos témoignages avec compassion et indignation.
Nous invitons tous les établissements de Montréal à faire de même et revoir leurs politiques et méthodes pour faire de Montréal un endroit sûr pour tous et toutes.

Nous profitons de cette publication pour vous annoncer formellement que les personnes visées par des accusations de harcèlement ou d’agression sexuelle envers des femmes ont été congédiées et/ou bannies de notre établissement. Ces individus étaient des clients ou des anciens employés du bar. » Écrivent les responsables de l’endroit dans une publication Facebook, partagée également sur leur compte Instagram.

Malgré que certains des incidents dénoncés aient eu lieu en leur enceinte, le mea culpa de l’établissement de la rue Saint-Denis propose une solide base pour les autres institutions qui voudraient faire de même, afin d’offrir un monde de la «vie nocturne» plus sécuritaire.

Reverrons-nous un retour massif des mesures telles que «angel shots» dans les bars montréalais?