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Le Détesteur: pourquoi Manu Militari n’entrera plus sur mon iPhone
Crédit: T'as sans doute entendu parler de la (nouvelle) «controverse» entourant Manu Militari?

T'as sans doute entendu parler de la (nouvelle) «controverse» entourant Manu Militari? J'irai droit au but, j'vais te citer un extrait de l'entrevue qu'il a accordée au journal Métro:

«C’est comme pour le printemps érable, […] des gens qui manifestent pour absolument rien comme des bébés gâtés la couche pleine… Pour moi, il y a des enjeux beaucoup plus importants. Ça m’a pris du temps avant de dire ça, parce que les trois quarts de mon public ont été dans ce mouvement. Mais j’assume ce que je dis. »

Évidemment, ça a fait réagir sur les médias sociaux. On a pas mal fait l'tour, mais j'aimerais aborder le sujet sous un angle moins évident: le ton qu'il s'est permis d'utiliser. Avec tout plein de condescendance. Un ton qui, lorsque transmis, expose une ou des faiblesses et bien souvent, nos intentions/motivations.

J'veux dire, à la base, on peut tout bonnement émettre des opinions de manière banale sans chercher la provocation. Mais quand on décide de s'en prendre à un mouvement d'inconnus avec qui on n'est même pas près d'entrer en conflit, c'est forcément parce qu'il nous tape sur les nerfs. On est arrogant avec les gens qui nous gossent. Et être gossé par un mouvement qui, pour la plupart du monde, n'existe qu'à la télé, c'est révéler que quelque part, on est à la merci de l'actualité. Que les médias sont aux commandes de notre humeur.

Et c'est ce qui me déçoit chez Manu Militari. Il me donne l'impression qu'on ne doit pas toucher à ses nouvelles sur l'heure du souper, qu'assez c'est assez, on a compris le message et maintenant, il est temps de ranger les pancartes et d'rentrer à la maison. Parce que de toute façon, il y a pire.

C'est décevant parce qu'incohérent avec les propos qu'il transmet dans certaines de ses chansons, notamment, celle sur laquelle il prend la défense des assistés sociaux, des ghettos. Un morceau qui dans mon livre, vient briser le mythe de la paresse et des « y vivent sul' bras d'la société, sont-tu bin ces esti-là! » Il nous invite à ne pas mépriser, à faire preuve de tolérance. À réfléchir davantage.

Et là, ça. Les étudiants, des bébés gâtés. Qui manifestent pour rien.

Il est là le grand piège des médias de masse. C'est comme s'ils nous formaient pour qu'un jour on en arrive à régir des règlements/lois à partir de c'qui nous gosse ou non. Les Richard Martineau, avant toute chose, sont gossés. Les xénophobes sont gossés. Les détracteurs de Karl Hardy jurent ne pas être homophobes, mais sont gossés par son excentricité et obsession pour Beyonce. Le passant est gossé par l'itinérant. On est gossés par la vie sexuellement trop active des autres. Gossés par le succès, gossés par le charisme. Et le pire dans tout ça? C'est suffisant pour nous donner raison. Pour invalider une cause/valider une arrogance/violence.

Ça me rappelle cette vidéo du jeune noir qu'on voit se faire intimider par la police. On ne connaît pas le fond de l'histoire, mais visiblement, il n'a rien fait d'assez grave pour ça. À force qu'on l'intimide, il s'énerve. Il crie et balance quelques mots créoles. Et parce que les gens (qui regardent la vidéo) sont irrités par son comportement, ils sont prêts à donner raison aux policiers. C'est comme ça, quand on gosse, on mérite ce qu'il nous arrive. La charte des droits et libertés pis les codes de déontologie n'existent plus, quand on gosse.

Et Manu Militari, plutôt que d'émettre clairement une opinion nuancée, il a décidé de joindre le camp des gossés. De la facilité. Et c'est pour cette raison, entre autres, que plus jamais je n'écouterai de sa musique.

Je vous déteste.