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Victime de la porn: le vrai marathon

Il n’y a rien comme la passion du début. On veut tout essayer. Réaliser les fantasmes de l’un, de l’autre. En inventer. C’est le moment ultime de constantes découvertes et de bonheur physique brut. Comme tout bon angoisseux de performance en power trip, c’est là où tu t’appliques à battre tous les records d’orgasmie inimaginables. Baptiser toutes les pièces de votre nouveau chez-vous.

Mais après les avoir toutes baptisées, quelques fois très (très) fort, est-ce qu’il ne reste que la baise routinière dans la chambre des maîtres? Je sais que vous allez répondre non, mais honnêtement, à partir de quand vient s’installer cette sexualité de deuxième ordre? Celle qu’on fait en se couchant le soir avec la personne sous les couvertes à portée de graine?

Au début, on fait ses preuves. On veut plaire. On veut performer. On veut se faire rappeler. On veut faire bonne impression, avoir bonne réputation. Après, c’est à peu près inévitable que ça redescende. Pour paraphraser un délicieux perronisme de RBO, comment faire pour ne pas brûler la chandelle par les trois trous?

Quand la routine s’installe, une nouvelle peur survient : la peur de ne pas la fourrer assez. Ça me terrorise. Complètement. C’est le mal du peuple. Je me fais tellement essayer par des filles matchées qui ne se font pas suffisamment culbuter à la maison. C’est à croire qu’il n’y a que nos parents qui sont capables de passer une vie avec le même combo pénis-vagin. Nous, ça se résume à : « L’homme a besoin de nouveauté, la femme d’être désirée, so fuck around. »

J’ai une libido aussi grande que n’importe qui (vous checkerez mon CV sexuel) mais je ne peux pas rivaliser avec le moi de début de relation. Je vais toujours arriver deuxième en me comparant à ce gars-là. Est-ce que le seul moyen de s’en sauver est vraiment de se lancer dans la ponte d’enfants et dans les rénos? C’est une des techniques qui semble fonctionner le mieux.

J’ai essayé une technique avec beaucoup moins de succès : starter ordinaire. Je veux dire, être un lover bof en partant avec l’attitude « Bébé, on a toute la vie pour se découvrir, pas besoin de tout faire tout de suite. » PAS FACILE À VENDRE. La fille exige sa période du début. Tu ne peux pas lui enlever ça. Pourtant, en théorie, ça a du sens. T’attends pour sortir tes gros moves, tu la surprends un moment donné, une soirée où elle a été fine. Mais non, tu ne te rends pas à cette veillée-là.

Est-ce qu’il y a un moment dans une vie où on mature et on accepte que le bonheur ne nécessite pas le sexe de notre vie bien steady pour l’éternité? On a souvent l’impression que c’est indispensable. Peut-être que c’est ça la vraie différence entre fourrer et faire l’amour?

Gainsbourg a dit : « l’amour physique est sans issue ». Ce n’est pas encourageant (et même plutôt triste) mais ça sonne cruellement vrai. Gainsbourg, malgré sa gueule horrible, il en a connu pas mal d’amour physique. Tough de l’obstiner.

Ce qui m’encourage, c’est que seul, je ne me suis pas encore tanné. Si j’y arrive encore seul, je ne vois pas trop comment on n’y arriverait pas à deux. En tout cas, si ça vient à ne plus marcher, on saura qui blâmer.