Durant sa longue et remarquablement astucieuse période de mise en marché x.0, Lizzy Grant est devenue l’objet de tous les espoirs et de tous les reproches à l’endroit de la pop. Devinez quoi, les amis: elles sont toutes un peu préfabriquées, postproduites et surétudiées, les starlettes, même à l’ère du règne hipster. Maintenant que tout a été dit sur le personnage, ce «premier» album officiel du produit Lana, lui, laisse peu de place au débat. Il est difficile à adorer, mais impossible à détester. La formule «gangster Nancy Sinatra» y est pressée jusqu’à la dernière goutte, résultant en maints moments de froideur, de remplissage et de clichés (il fallait qu’elle plogue la Pabst Blue Ribbon dans «This is What Makes Us Girls»), mais aussi beaucoup de bons moments au-delà des premiers singles déjà connus. «Radio», «Million Dollar Man», «Summertime Sadness» et «Lolita» carburent au même efficace et relativement sophistiqué mélange de rythmes trip-hop/hip-hop et de pop baroque. Sortes d’épaves de rêves romantiques échoués au-devant d’un écran d’ordi, servis dans un halo lustré, ils forment une agréable trame sonore de fin de soirée ou d’après-midi paresseux. Lana Del Rey est peut-être un prototype, mais il y a quand même un peu de substance derrière les artifices, ce qui relève déjà d’une amélioration par rapport à toutes les Lady Gaga de la Terre.