Critiques CD: Fiona Apple | The Idler Wheel Is Wiser than the Driver of the Screw and Whipping Cords Will Serve You More than Ropes Will Ever Do
Olivier LalandeIl n’y a pas que ce titre à coucher dehors qui rappelle le second album de la New Yorkaise écorchée (When the Pawn…, 1999). Ses sonorités plus crues et sa facture plus élémentaire renvoient elles aussi à la période pré-Extraordinary Machine de la chanteuse et pianiste. Tant pis pour l’aboutissement pop extrêmement bien négocié de son album de 2005. Mais tant mieux pour les fans de la première heure. Et pour les autres aussi, puisque Fiona Apple porte tout aussi bien l’urgence et l’économie de moyens. Ses chansons respirent, battent et ondulent si fort que l’enrobage musical est au final presque secondaire. À l’avant-plan, il y a sa voix chaude, vibrante, ainsi que ses mélodies toujours bien tournées, légères malgré la tourmente qui les anime. Qu’elle emprunte l’avenue presque tribale d’«Every Single Night» ou de «Hot Knife», les tournants jazzy imprévisibles de «Daredevil» ou de «Jonathan», ou qu’elle retombe dans la ballade piano-voix («Valentine»), Apple chante encore ici le trouble amoureux comme personne, avec une vigueur et une émotion hors du commun. The Idler Wheel réclame une écoute un peu plus attentive et soutenue que le plus accessible Extraordinary Machine, mais son impact est en tous points comparable aux efforts précédents de la rare et grande dame.