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Boswell: nouvelle brasserie très swell
Crédit: Rayside Labossière architecte

« Boswell » !
 
Quel EXCELLENT nom pour une nouvelle microbrasserie québécoise. 
 
Boswell, sous des airs de vieux juron de grand-pôpa, c’est surtout un clin d’œil à une ancienne brasserie de la ville de Québec, qui fût le théâtre de deux des plus grands événements de notre petite histoire brassicole. D’abord, c’est l’endroit où était brassée la bière qui a fait le plus parler de toute l’industrie au Québec : la fameuse DOW, alias "la bière meurtrière". 


Je résume: dans les années ’60, la brasserie avait modifié légèrement la liste de ses ingrédients, y ajoutant du sulfate de cobalt, ce qui donnait un col plus « mousseux » (slash mortel) à la bière qu’on vendait dans la ville de Québec. Résultat, une 50aine de patients à l'urgence et une 20aine de décès en moins de 24 heures. Une intoxication généralisée chez les gros buveurs, ceux qui trainanent dans l'ancienne taverne "Boswell" et qui pouvaient boire, dans le temps, jusqu'à six litres par jour! Aujourd'hui, le terrain et le bâtiment de la brasserie sont des sites archéologiques, parce que bien avant le scandale DOW, il faut remonter dans les années 1600, notre bon vieux Jean-Talon y avait fondé la toute première brasserie de Nouvelle-France: la "brasserie de l'intendant Talon". Boswell, dans sa généalogie est donc l'une des plus anciennes brasseries de l'Amérique du Nord. 
 
Respect, la vieille. 
 
Boswell, la jeune, vient tout juste de voir le jour.
 
Ouverte il y a à peine deux semaines sur Mont-Royal pas très loin d’Iberville, je ne doute pas qu’elle deviendra très vite un repaire très fréquenté de l’équipe du « Journal », et même de la faune urbaine moins habituée à fréquenter ce tronçon de l'avenue Mont-Royal, assez mort par ailleurs. C'est d'ailleurs l'un des défis perso des proprios Nicolas Paquet, Olivier Rhême et Philippe St-Cyr.


D'abord, on viendra jusqu'ici parce que l'endroit est nouveau. 

Ensuite, on reviendra parce qu'il est beau, parce qu'il est vaste, qu'on y sert une cuisine très correcte et surtout, surtout, parce qu'on y boit de la bonne bière pas chère. Le listing de prix est très cool en fait: toutes les bières sont à 6$, et selon leur degré de rareté ou de raffinement, le verre est plus ou moins grand. 

Pour une expérience plus exploratoire, n'hésitez pas à demander le format dégustation, servi dans de mignons petits verres qui pourront vous faire faire le tour du propriétaire @ 3$ le verre. 


Une vingtaine de "lignes" sont cordées au bar, et Philippe, le brasseur, les alimente selon les humeurs et les saisons, comme un chef d'orchestre qui s'amuse à doser le jus qu'il donne à ses cuivres.

Il faut noter que pour l'instant, la majorité des bières proposées sont "invitées".  Elles proviennent toutes de microbrasseries québécoises ou environnantes et sont toutes proposées en fût, mais il n'y a qu'une seule bière brassée par Boswell, et le brassin s'est fait chez (et en collaboration avec) les Brasseurs du Monde. C'est donc une pils de type allemande, légère et désaltérante, mais qui a du caractère, des notes prononcées de malt et faite à partir d'un houblon allemand qui lui confère des arômes de petits fruits – j'y ai décelé de la poire et du raisin vert. 

À manger, le chef Alexandre Fréchette propose un menu somme toute assez classique, mais avec plusieurs petites attentions et beaucoup de produits locaux qui composent des assiettes colorées. Et tant qu'à avoir l'embarras du choix côté liquide, c'est l'occasion de créer des accords bière & bouffe. 

Les calmars sont bien relevés, avec une panure (évidemment) à la bière et relevée d'un mélange d'épices qui donne un bon petit kick. À s'enfiler avec la Saison 16 de la microbrasserie Hopfenstark, qui a assez de tork pour accoter tout ce qu'il y a dans cette panure.
 

Calmar frit croustillant aux herbes et yogourt épicé – 10 $

L'assiette de prosciutto de canard – la fierté du chef – est un incontournable de l'endroit. Faite à partir de canard des élevages du Périgord en Montérégie, il est fumé in house avec un rutilant fumoir artisanal – une concoction "maison" d'Alex-le-chef. Quoi qu'il en soit, le résultat est haut en couleur et les saveurs, riches en contrastes. À agencer avec une Pale Ale. 

Prosciutto de canard du Québec maison, chutney de figues, marinade maison et pain aux noix grillées – 12$

Pour les fans de tartare, celui-ci est très intéressant. J'avoue que je l'aurais préféré avec des frites – j'ai toujours trouvé que les croûtons secs étaient trop psycho-rigides pour accueillir la volupté de la viande crue. Mais pour ce qui est de l'appareil à tartare, le chef y a subtilisé de petits champignons marinés et des morceaux de bacon (Ha!), le tout suavement enrobé d'une mayonnaise émulsionnée à l'ail confit. De belles surprises à chaque bouchée. À déguster avec la Big Ben Porter de la microbrasserie Brasseurs du Monde, proclamée la meilleure Porter du Monde (Yeah!) par le World Beer Awards.

Tartare de bœuf, mayo à l’huile d’ail, champignons marinés, bacon croustillant, échalotes, ciboulette et sauce Worcestershire – 12 $
 

J'en étais donc à me délecter de ces petits plats et de ces petits verres, quand, juste avant de partir, Nicolas est passé par là avec le carton d'invitation pour les soirées "Rôtis du dimanche".


J'en profite pour vous la passer, parce que c'est vraiment une belle idée. L'automne est le temps parfait pour ces repas réconfortants : une formule toute simple qui permettra d'insuffler un peu de chaleur au bout de l'avenue. 

Boswell s'inspire de l'histoire, je lui en souhaite une longue. 

Boswell
2407 Avenue du Mont-Royal E (coin Chapleau)

LUN-MAR : 11h – 1h  
MER-VEN : 11h – 3h
SAM : 15h – 3h
DIM : 15h – 1h

Sauf indications contraires, photos Christine Plante

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