C’est parmi toute la délégation française et quelques autres québécois qu’on a fait la route, tellement interminable et sans artifice, à bord de l’autobus média pour se rendre à destination de Rouyn-Noranda où se tenait le Festival de Musique Émergente. En étant à ma toute première expérience, j’arrivais pleine d’espoir d’y vivre LE festival le plus awesome du Québec. J’en ai entendu parler pas juste un peu, et my my, ça commençait à prendre des allures de 8e merveille du monde de la musique cette affaire-là.
Turns out, c’est pas mal ça.
Pour être vraiment honnête, à part les 18 heures de voyagement pour s’y rendre et revenir, et peut-être aussi mon attente de 35 minutes Chez Morasse pour un pogo, je n’ai que du bon à dire du FME.
Jour 1
C’est le cul pas mal engourdi qu’on débarque d’un autobus à Rouyn, une caméra braquée sur nos faces mais qui ne nous concerne pas pantoute; your time to shine, Frenchies. On se garoche sur nos valises et on prend le chemin de l’hôtel avec du pep dans le step parce qu’on est ben excités de voir des shows. Bring it on FME.
Tu le sais que t’es en région quand ta soirée commence par un méchoui sur la place principale et le meilleur gâteau aux carottes ever. On se prend deux drinks officiels du FME, une boisson bleue qui goûte la limonade et qui nous rappelle des après-midi au Couche-Tard, et on se dirige vers l’Agora des arts pour la perfo de la belle Charlotte Cardin. Sans surprise, elle est parfaite : juste et sensible. Je dois admettre que je me serais passée de ses speechs d’amour à la foule, même si ceux-ci étaient bien fondés.
On se dirige ensuite vers la Scène extérieure Desjardins pour un melting pot de Galaxie et de Marie-Pier Arthur. On aime l’entrain et les belles intentions, mais pas assez pour nous convaincre de rester durant toute la performance ; les 10 degrés de froidure ont eu raison de nous. On se réchauffe dans le hall d’entrée du Petit Théâtre du vieux Noranda en attendant Black Legary. Et là c’est du bonheur. Le groupe flambant neuf composé de Mishka Stein et Robbie Kuster (Pat Watson Experience) et Morgan Moore (Blood and Glass), offre un rock jazzy/folky presque entièrement instrumental, et on aime ça. Beaucoup.
On termine la soirée avec We Are Wolves, un classique. Fidèles à eux-mêmes, les gars se donnent et ça marche. Mais comme si ce n’était pas assez, on se laisse convaincre de finir la soirée au camp question de vivre à 100% le FME. Ça, le camp, c’est l’endroit où réside la majorité des artistes, à 25 minutes de Rouyn. En temps normal, c’est un camp de vacances pour des gens vivant avec des déficiences intellectuelles et/ou physiques. C’est sur un chemin de gravier, parfaitement isolé, et on dort dans des lits simples, style communautaire. Hollywood, voici une pas pire prémisse de film d’horreur. Just saying. On arrive à avoir du plaisir quand même ; qui l'eut cru!
Jour 2
Mal de bloc. On s’assagit. On boit moins. La trentaine est rough. On se fait plaisir avec Brown et Dead Obies, et par le fait même, Snail Kid qui a des petits problèmes de jambe, mais ça ne l’empêche pas de vivre le moment et d’être assez présent dans son rap. Cocasse pareil.
On se dépêche de quitter, avant de se faire engloutir par la foule jeune et fanatique pas rien qu’un peu des Dead Obies, pour écouter un peu de Co/ntry, duo éclectique à souhait qui donne dans un genre de new wave / synth-pop. On aime le son, mais surtout les moves et les faces incroyables du chanteur. Du showmanship pareil.
Puis on se dirige vers Yonatan Gat, guitariste israélien et membre fondateur du groupe Monotonix. C’est particulier comme genre; tantôt rythmique, tantôt décousu, tantôt punk, tantôt jazz. J’en ai vu de toutes les couleurs. Points bonus au batteur qui était complètement imprévisible, autant au niveau de son jeu que dans sa performance scénique.
Finalement, dernier stop de la soirée, Les Deuxluxes : un petit plaisir coupable garni de plus de paillettes que Diana Ross dans ses belles années. Le duo rock, fortement inspiré des années 60, est vraiment maître de sa scène et la voix vintage / rockabilly d’Anna France Meyers livre toute l’émotion qu’on a besoin de recevoir.
Jour 3
On commence ça de bonne heure avec Paupière alors qu’il fait encore jour dehors. Oui c’est weird de voir le trio électro qui vibe les années 80 si tôt, mais la foule est tellement au rendez-vous qu’on s’en fout complètement de la clarté et on se calle deux gin-tonic. Here we go again.
On profite d’une pause dans l’horaire pour retourner à l’accueil où tout le grappin médiatique se rejoint en un 5@7 / souper pour les carnivores avertis only. C’est pas compliqué, la ferme au complet y est passée, mais whatever, c'est DÉ-LI-CIEUX.
On revient ensuite au centre-ville pour se taper une bonne demi-heure de Dan San, un groupe belge qui n’est pas sans nous rappeler un Pheonix plus actuel, tout juste avant de se faire déchirer les tympans par Metz et se dire 100 fois : « My god que j’aime donc ça en ce moment! » Je me suis acheté un sweatshirt. Je suis une fan finie.
C’est finalement UUBBUURRUU qui a clos notre troisième journée avec beaucoup de guitare. Le son psych-rock du groupe en est un qui synthétise assez bien le rock sauvage des années 70, en plus d’être relativement accessible et catchy. Un choc électrique à nos corps qui peinent à se tenir debout, parfait pour finir la soirée au bar Des Chums. Ce bar karaoké fantastique a été témoin de notre plus gros fail de danse en ligne (ou plus grand succès, dépendamment de l’angle). Gros shout-out au houseband composé de, je suppose, Normand et Ginette.
Merci le FME. Avoir eu 20 ans, on n’aurait jamais raté la dernière journée.