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Le Détesteur: même mon père peut se procurer des deck shoes

Dès la semaine prochaine, des invités partageront ici-même ce qu'ils ont détesté au courant de l'année 2011. Pour l'instant, je me prête à mon propre jeu. Alors voilà.

Moi, j'ai trouvé qu'en 2011, plus que les années précédentes, les gars ont été envahis par la peur de paraître. La peur d'avoir l'air de s'prendre pour un autre. Ils ne voulaient surtout pas qu'on les croit hipster. Ni douchebag, ni trop musclés d'ailleurs. On se serait cru en 2001, quand seulement les pushers et les frais-chier avaient le droit d'avoir un cell. Aujourd'hui on regarde ça pis on comprend pas comment on a pu hésiter avant d'adhérer à l'invention de ce qui est maintenant indispensable à nos vies.

C'est comme si en 2011, tous ceux qui n'avaient pas encore entendu parler du mot "hipster" venaient d'allumer en même temps. C'est là qu'ils ont compris que c'était possible de ne pas s'habiller comme une marde après l'âge de 22 ans.

Peu à peu, ils ont commencé à pouvoir identifier le hipster. Une vision pas très up-to-date de ce qu'il est, genre 2008. On les a vus partir à la découverte des boat shoes, comme si c'était le grand comeback de 2011. Ils se sont même aperçu que les grosses lunettes étaient propres à ce style (surtout pas 5 ans en retard). Finalement, tout ce qui leur semblait nouveau ou audacieux était hipster. Par contre, il n'était pas question de s'accoutrer d'un morceau de vêtement ni même d'un accessoire de ce genre. Ils se sont contentés d'être de fins analystes, rien de plus.

Ils ont méprisé, à tort et à travers, tout ce qui passait sous leur radar à hipster, plutôt défectueux. Chemise carrelée? Pantalons beiges avec turn-up? Casque de poil? Foulard? Crisse de hipster!!

J'pense que c'était leur façon à eux de participer, de se savoir (se penser) à l'affût (crissement pas), de pouvoir identifier le hipster (not), faute de s'assumer eux-mêmes. Et pourtant, tous les éléments énumérés dans ce billet, qu'ils soient récents ou non, ne sont que des objets d'une tendance urbaine. Tsé, la mode continue d'évoluer…

À la base, l'appellation hipster s'est méritée une connotation péjorative pour l'attitude de marde qui venait avec, j'dis ça comme ça. Est-ce qu'on peut encore, en ne faisant pas usage de l'ironie, espérer insulter quelqu'un en le traitant de hipster en 2011? Sérieusement? Même mon père peut se procurer des deck shoes. Cette vision que les gars ont eu du hipster cette dernière année ne me semblait pas très accurate. Qu'est-ce qu'un hipster, anyway? Pas mon père en tout cas…

Et de toute façon, ils portent quoi comme vêtements ces gars-là pour se sentir autant à l'abri d'éventuelles contre-attaques après s'en être pris à de présumés hipsters? Un bon vieux t-shirt de Metallica? Du XXXL? Vraiment? La plupart du temps, oui. C'est drôle parce qu'y'a de ces styles qui, avec le temps, sont devenus des valeurs sûres en terme de laideur. On a trouvé ça laid pendant un an ou deux, pis après 15 ans on s'est comme habitué. On sait que c'est affreux, mais on n'en est pas frappé pour autant. Ça fait partie du folklore, depuis l'temps. C'est pour ça qu'ils se sentent à l'abri, parce qu'on ne leur dit jamais rien, on prend pour acquis qu'ils le savent qu'ils sont habillés comme des esti de vidanges. Pauvres gars.

Je vous déteste.