Le Détesteur: la Voix et la médiocrité du spectacle

Au départ, le concept de La Voix ne m'avait pas trop attiré. J'ai vu passer sur Facebook quelques extraits des auditions à l'aveugle qui avaient été placés sur Youtube. J'en ai regardé deux, trois… pis finalement, tous. Le format m'a vite gagné. J'me suis étonné (ou déçu?), moi qui n'avais jamais embarqué dans Star Académie ou autres.

Mais justement, parlons-en du format. C'est de loin celui, à la télé, qui se rapprochait le plus de la manière de consommer de l'époque de la révolution numérique. T'arrives, tu performes, t'impressionnes ou non, tu t'présentes, tu décâlisses. Et pour chaque candidat, des juges lui font dos, bien chillax dans une chaise de barbier accommodée d'un bouton rouge au cas où l'envie d'se r'virer d'bord les prenait. As simple as tabarnack. On ne demande pas à suivre ta carrière, on t'apprécie le temps qu'tu passes. Pour le reste, on verra. C'est comme ça qu'on gère notre musique depuis bientôt 20 ans.

Si j'apprécie un artiste sur le web, ça s'peut que j'achète son single. Que j'le pirate. Ça s'peut aussi que j'aie seulement tripé sur le moment mais que j'me câlisse d'la suite.

Les vedettes telles qu'on nous les présente depuis trop longtemps, on les regarde bien souvent avec mépris. Être narcissique, juste pour l'être, en 2013? Fucking ark. J'veux dire, accepter de jouer l'jeu, faire les covers des magazines à potins, être à l'aise à l'idée que ta victoire dans un reality show accapare toute la place au détriment de c'qui s'passe en Syrie. Modifier les options de ton profil personnel Facebook pour qu'il ne soit plus qu'une page froide où t'es la vedette qui reçoit, mais ne donne jamais. Ou pire, qui ose penser que d'offrir un nouveau vidéoclip est un CADEAU.

Vraiment? VRAIMENT? Tu ne peux pas être issu d'la génération Internet si, sans scrupules, t'acceptes tout ça sans broncher, alors que t'es crissement conscient qu'en parallèle à cette nouvelle vie, les gens lucides pullulent et n'hésitent pas à pointer du doigt la médiocrité, l'awfulness du spectacle auquel tu contribues. Prends François Massicotte pis Dominic Paquet, par exemple. Ils l'ont appris solidement à leur dépens, la semaine dernière, alors qu'ils venaient de livrer la pire marde qu'un humoriste de renom pouvait publier sur le web, dans une vie. (Voir ici) La vérité les a rattrapés.

Ils ont consacré leur carrière au commun des mortels, à celui qui prend tout pis en retard, celui qui possède la force du nombre. Celui qui permet de rester au top, si on sait l'amadouer. Celui qui te laisse la chance de t'crisser la tête dans l'sable pendant plusieurs années, sans avoir à t'poser la question fatidique: j'fais tu d'la câlisse de marde, par hasard? Eh bin nous, le web, on a répondu à leur place: oui.

C'est le sombre avenir inévitable que nous a finalement laissé entrevoir La Voix pour ses candidats alors que de semaine en semaine, on leur donnait les covers de mag, les coach ploguaient de manière pathétique leurs derniers hits et même Karima Brikh, que l'on connaît de MAtv, s'est vue obligée de jouer la game en révélant à nos nouvelles vedettes combien elles sont des vedettes sur les médias sociaux. On nous parlait sans cesse d'éventuels albums, de grandes carrières, de fans en délire. Malaises, faux sourires pis encore malaises. Rien à voir avec le format initial, rien à voir avec notre époque. J'ai décroché au bout de deux semaines.

On vient encore de former des artistes qui vivront avec la peur d'être has-been, du one hit wonder, qui se jetteront, à la moindre inquiétude de perdre sa place au top, dans le cercle infernal de la médiocrité. Celui qui étouffe l'âme artistique, qui pousse Les B.B. à effectuer un comeback et à François Massicotte de faire des jokes de douchebags en 2013.

Je vous déteste.