5 performances marquantes de Tilda Swinton, qui crève l’écran dans «Only Lovers Left Alive»
Dustin Ariel Segura SuarezPour célébrer la sortie en salles du très attendu dernier film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, Nightlife.ca t'offre un arrêt sur image sur Tilda Swinton, actrice aux traits intemporels et à l’allure androgyne qui crève pas mal tout le temps l'écran. Depuis le surréel Caravaggio du regretté Derek Jarman (1986), Swinton s’affaire à travailler avec les plus grands: Wes Anderson, Béla Tarr, les frères Coen, David Fincher, Spike Jonze, Joon-ho Bong et la liste continue. La dame s'est exposée aux regards de New-Yorkais curieux l’an dernier pour dormir au MoMa sous une cloche de verre. La femme est cool, plein de talents et les cheveux dans le vent. Pour te la faire connaître ou pour l'aimer encore plus, on souligne en cinq temps des moments cinématographiques marquants de Tilda Swinton. (La performance oscarisée pour Michael Clayton a été volontairement mise de côté pour favoriser d'autres choix.)
1. Julia (2008)
Film qui est malheureusement passé un peu inaperçu, réalisé par Erick Zonca (The Dreamlife of Angels), Julia est un remake/film hommage très réussi du Gloria de John Cassavetes. Tilda se glisse dans la peau d'une alcoolo qui retombe régulièrement en désintox, antipathique, chaude de sexe, qui finit par kidnapper l'enfant de sa voisine pour se faire une passe facile d'argent. La force du jeu de l'actrice réside dans l'incarnation de la femme saoûle désinvolte ou en gueule de bois sans jamais tomber dans l'exagération ou la caricature. Une de ses meilleures performances, si ce n'est pas sa meilleure à ce jour.
2. Io Sono l'Amore (I Am Love) (2009)
Tilda se transforme en épouse, mère de famille bourgeoise trop riche pour ce film italien d'une grande beauté triste. Le nouvel ami cuisinier de son fils Eduardo déstabilisera le cœur d'Emma (Tilda) par sa beauté et son talent – un amour passionnel consommé dans le secret taché par la tragédie à venir. Dans sa réalisation, Luca Guadagnino enveloppe les mouvements de la caméra d'une beauté qui magnifie ses personnages, dont Swinton, en toute sensualité. Accompagné d'une trame sonore aux accents dramatiques, l'actrice incarne avec une mélancolie subtile la transformation d’une femme oubliée par son mari qui renait grâce à son désir passionnel pour le jeune et bel étranger.
3. We Need To Talk About Kevin (2011)
Eva (Swinton) met au monde Kevin (Ezra Miller, pré-The Perks of Being a Wallflower), un enfant merdique qui tout au long de sa croissance s'amusera à faire chier sa mère. La période trouble de l'adolescence arrive et Kevin réagit par une tuerie qu'il planifie dans son école secondaire. La suite de l'histoire, c'est la solitude de la mère isolée par le drame, devant une société qui la juge pour le mal qu'a infligé son fils. Rien de léger dans ce film de Lynne Ramsay (Morvern Callar, Ratcatcher) que trop de monde ont mal aimé. Tilda, en martyre désemparée, avec comme seule bouée l'amour d'un fils puant qui lui a tout enlevé. Film qui donne définitivement envie d'avoir des enfants.
4. Orlando (1992)
Adapté d'un roman de Virginia Woolf, réalisé par Sally Potter, sorte de film fantastique qui n'en est pas vraiment un, s’étalant sur 400 ans d'histoire. Orlando (Swinton), jeune prince qui vieillit sans vieillir, s'endort constamment pendant de longues périodes, voire des années pour un jour se réveiller et remarquer que son sexe a changé. Il passe d'homme à femme avec cette quête perpétuelle d'amour à assouvir. La jeune Tilda se glisse dans les deux sexes pour composer un personnage poétique et fragile.
5. Teknolust (2002)
L'une des performances les plus particulières de l'actrice dans un film tellement particulier qu'il en devient pourri. Le film est si mauvais qu'il a cette qualité de nous captiver afin de voir jusqu’où l'on peut pousser le mauvais goût dans les choix narratifs et de mise en scène. Des décors à deux cennes dans une ambiance futuriste en carton où Rosetta (Swinton) fait naître ses propres clones qui se prostituent pour garder le sperme des hommes (dans des capotes utilisées), sans lequel elles ne pourraient survivre (lire: le sperme encore plus vital que l'eau). Dans une scène culminante du film, l'une des clones du nom de Ruby va acheter des beignes protéinés (par manque de sperme en banque); on voit Tilda manger un beigne en entier sans dialogue durant quatre minutes. Sinon, dans les premières vingt minutes, y a ça qui arrive sans raison et qui ne sera jamais justifié pour le restant du film.
Only Lovers Left Alive
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