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Victime de la porn : se pogner le même monde
Crédit: Johana Laurençon

Je vous raconte l’histoire la plus mystérieuse de toute ma vie cégépienne.
 
Une chick de notre classe sortait avec un autre gars de notre classe. Et l’ami de ce gars-là (aussi de notre classe) faisait toujours leur chaperon. Le trio était inséparable et se tenait toujours ensemble quand un beau lundi, la fille avait largué son chum… et sortait maintenant avec le chaperon!
 
Le plus surprenant dans tout ça? ILS ÉTAIENT ENCORE TOUS AMIS! Le trio était intact! Je n’ai jamais réussi à comprendre ce qui s’était passé durant cette fin de semaine là. (Outre un miracle de diplomatie.)
 
C’est là que je vois combien je suis chochotte. Mon petit cœur de gars sensible n’aurait jamais été capable d’endurer ça. Déjà, être pogné dans la même classe que son ex, ça te scrap une session. Mais en plus, l’ex sort avec ton BFF pis ils se frenchent tout le temps dans ta face!
 
Même dans le rôle des nouveaux amoureux frencheux, c’est aussi assez malaisant, non?
 
Je ne sais pas s’il faut être tough, zen ou prodigieusement inconscient. Pourtant, il existe une loi non-écrite comme quoi il vaut mieux éviter de se pogner les ex de nos amis. C’est perçu comme une espèce d’infidélité décalée de deuxième degré. Mais les lois non écrites ne sont pas non écrites pour rien. Ça aide à les ignorer.
 
Par chance, la plupart du temps, les blondes et les chums de nos amis proches deviennent un peu comme de la famille alors ça turn assez off pour conserver ses beaux principes.
 
D’où je viens, il y a une expression (très classe) pour désigner deux gars qui ont couché avec la même fille. On appelle ça des « frères de queue ». Ou des confrères de graine. Pour les filles, ce sont des « vulvas sistas » ou mon préféré : des « clit acolytes ». Et bien sûr, il y a aussi les versions gaies : « glands frères » ou « tits sœurs ».
 
Ahah! Bon, j’avoue. J’ai tout inventé! Sauf les frères de queue. Ça, ça existe pour vrai. (Il existe même une toune pop!) Si tu trouves que l’expression fait région, c’est normal. Quand t’habites une ville de 4000 habitants, tu finis par retomber dans les trails des autres.
 
Coucher avec le même monde, j’ai toujours trouvé ça débandant sans arriver à cerner pourquoi. Est-ce par instinct alpha ou par profonde insécurité? C’est peut-être parce que dans le sexe en général, il vaut mieux éviter de se comparer, mais une fois que tu sais que ta lapine préférée a couché avec un gars que tu connais, ça devient impossible de ne pas le faire.
 
C’est peut-être pour ça que dans la porn de gars, on ne voit jamais trop la gueule du gars. Ils ne veulent pas que tu puisses le reconnaître. « Hey, ça ressemble à Mike, ça! Tabarnak… »
 
Je pense que c’est ça, le problème : ça scrap l’imaginaire pour un bout de temps. Quelqu’un d’autre s’en mêle et ça dilue l’intimité. Un peu comme quand je raconte que je suis trop princesse pour les threesome. Je suis le genre de gars qui baboune durant un gang bang parce que la fille ne me regarde pas dans les yeux.
 
Il reste qu’il ne faut pas trop être anal sur les historiques qui se recroisent. Le monde trop à cheval sur les lois non écrites a tendance à bouder son bonheur. Si tout le monde est content d’être là et que tu ne scrap pas d’amitié dans le processus, pourquoi pas? Le truc, c’est de ne pas trop y penser. Et par chance, le sexe de bonne qualité où il y a une connexion, ça amène souvent une douce amnésie.

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