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Le Lac des Cygnes: un ballet technique et époustouflant qui s’arrête à Montréal
Crédit: Ballet de l'Opéra de Perm

Le ballet de l’opéra de Perm, invité cette année des Grands Ballets Canadiens de Montréal propose jusqu'au 26 février une interprétation dans la pure tradition russe du classique et immanquable Lac des Cygnes. Le ballet raconte, en trois actes, l’histoire d’un amour manqué entre le Prince et sa tendre aimée, prisonnière d’un sort maléfique la rendant cygne le jour et femme la nuit.

Tout commence lors d’un bal au cours duquel la Reine mère cherche à marier son fils pour en faire un roi. Les décors et les costumes sont colorés, le tout est fastueux, doré, orangé, bleuté. Cette première scène de fête s’éternise un peu, entrecoupée de nombreux solos démontrant une technique parfaite, mais manquant peut-être un peu d’émotion. À ce stade, l’esprit du spectateur n’est pas encore tout à fait happé par l’histoire : nous sommes en fait surtout impressionnés par la maîtrise de ces danseurs classiques et par leur impeccable synchronisme. La tristesse du Prince perdant sa liberté est palpable, mais nous ne la partageons pas, du moins, jusqu’au changement de décor. La musique de Tchaïkovski, quant à elle, nous transporte petit à petit pour parvenir, assez vite, à complètement nous subjuguer.

L’arrivée dans la forêt, marquée par un contraste saisissant entre la variété joyeuse de la fête et l’envolée poétique de cygnes blancs, est le moment phare du ballet. Les cygnes sont absolument magnifiques, de par leur simplicité, leur perfection et leur légèreté. Les danseuses sont extrêmement nombreuses et enchaînent des tableaux, plus beaux les uns que les autres, avec une rigueur paraissant pourtant d’une simplicité déconcertante. Le coup de cœur est bien sûr pour LE cygne, celui dont tombe amoureux le prince. La danseuse, Inna Bilash, a livré une prestation absolument grandiose, teintée de fragilité animale et d’envolée sublime. Ses bras, ses mains, son dos, ses jambes, ne paraissaient être que le prolongement du cygne qu’elle incarnait de toute son âme.

Ballet de l'Opéra de Perm – Courtoisie – Danseuse: Natalia Moyseeva
 

Puis, vient l’acte 2, narrant le subterfuge imaginé par le sorcier du ballet, magnifique oiseau noir très charismatique par ailleurs, qui trompe le prince en lui faisant épouser la version sombre, séductrice et démoniaque, du cygne désiré. La technique de la danseuse change du tout au tout : la chorégraphie est brutale et saccadée et le prince, certainement aveuglé par l’amour, est le seul dupe de la supercherie. Cette tromperie condamne alors les protagonistes de l’histoire à la détresse pure, liée à l’impossibilité révélée d’un jour pouvoir s’aimer.

Le dernier acte et ses jeux de lumière funestes représentent ainsi leur réponse à l’insoutenable trahison : seule la mort leur permettra de se retrouver, une dernière fois. Nous admirons alors avec délectation une dernière fois les impérieux cygnes blancs : solos, duos et tableaux sont impeccablement dansés, maîtrisés, dominés. C’est simplement, purement et artistiquement beau.

Le Lac des Cygnes
22 au 26 février 2017